vendredi 5 janvier 2007

Tout avoir et rien payer...

La nouvelle faisait ce matin la une de l'édition "Seine-Saint-Denis" du journal "Le Parisien" : de gentils élus de droite de notre département, à Drancy et au Bourget, avaient très gentiment décidé de ne plus faire payer la cantine des enfants des écoles communales de leurs gentils concitoyens. Effectivement, à première vue, tout ceci est très gentil. Quelle que soit notre situation personnelle, nous tirons tous un peu (ou beaucoup) la langue, lorsqu'il nous faut passer à la caisse pour payer les factures de restauration scolaire de nos enfants. Moi le premier, qui n'ai pourtant pas à me plaindre...

Toutefois, à y regarder de plus près, cette mesure me déplait pour plusieurs raisons :

- comme rien n'est gratuit dans la vie, il va bien falloir financer cette décision. Si la commune ou la communauté d'agglomération est riche, elle pourra tout s'autoriser. Si elle ne l'est pas, cette gratuité là se fera au détriment d'autre chose, sans doute moins visible, mais tout aussi important. Par de telles décisions, on creuse en tout cas encore plus la frature territoriale dont souffre un département comme la Seine-Saint-Denis. Voilà encore un domaine où désormais, il y a ceux qui peuvent se permettre et ceux qui ne le peuvent pas...

- c'est bien sûr le rôle d'une collectivité publique de mener des politiques sociales et la restauration scolaire est un domaine sensible où la solidarité doit jouer. Mais doit-on pour autant décrêter la gratuité pour tout le monde ? Ce qui est gratuit n'a plus de valeur. Même pour les familles les plus en difficulté, un tout petit paiement, minime, infinitésimal, c'est une forme de respect : pour eux-mêmes et pour le service qui leur est proposé. Quant à l'avantage dont vont profiter les familles les plus aisées, il s'agit pûrement et simplement -à mes yeux- d'un mauvais emploi des deniers publics, dans une période où nos concitoyens attendent de leurs élus la plus grande rigueur dans l'usage de leurs impôts.

Voilà pourquoi, au risque de passer pour un rabat-joie ou un indécrottable classique, je préfère les quotients familiaux comme référence pour toute politique sociale tarifaire. Nous les pratiquons de longue date dans ma commune de Livry-Gargan et nous en avons "raffraîchi" les barêmes il y a quelques temps, pour aller vers une tarification encore plus sociale. Sous l'impulsion notamment des élus socialistes du Conseil général et en particulier de ma collègue Anne-Marie Mahéas, vice-présidente en charge des collèges, nous avons introduit cette culture nouvelle dans les collèges du département depuis la dernière rentrée.

Nous avons fait, je crois, notre travail d'élus soucieux de solidarité et de bonne gestion. Mais nous n'avons sans doute pas été assez démagogiques pour faire abondamment parler de nous...

6 commentaires:

  1. Tu as peut-être raison, mais gratuit tout de même, c'est bien non ? Tout ce qui est pris est pris, tu ne crois pas ?

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  2. Le vrai scandale n'est pas que les parents ne payent pas les cantines, mais qu'ils soient dans l'impossibilité de le faire !

    Pour le " Tout ce qui est pris est pris" de Roberto ... un peu opportuniste non ? Ce qui est offert aux uns, sera payé par les autres.
    A colombes, la Municipalité (Maire UMP)exigeait copie des certificats de travail des deux parents avant l'inscription des gosses à la cantine ou centres de loisirs.

    Nous n'en sommes pas là, et c'est tant mieux, mais il faut tout de même trouver un équilibre juste en laissant une certaine dignité aux familles en demandant une participation même symbolique.

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  3. je partage tout à fait l'analyse de Pascal Popelin sur cette question: c'est une mesure démagogique qui accentue les inégalités et je pense comme lui que le principe de gratuité pour tous n'est pas un bon principe

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  4. D'accord sur l'analyse politique
    de P.POPELIN. De toute façon il faut bien que quelqu'un paye dans cette affaire.
    L'aide aux personnes en difficulté, elle existe et c'est ce qu'il faut faire. Il n'y a pas un maire de droite ou de gauche qui n'accepte pas un enfant à la cantine faute de moyen financier de la famille.
    C'est de la poudre aux yeux et un
    même irresponsable de la part de Mr LAGARDE, toujours près à la médiatisation. Avec E.Raoult même combat.

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  5. Pascal, je suis tout à fait d'accord avec tes remarques et commentaires. Je confirme que cette "gratuité" est une mesure moins sociale qu'un bon barème qui fait payer chacun selon ses ressources, mais à partir d'un prix "aidé" grâce à une subvention de la collectivité. De plus, il est indiqué dans un article du Monde que seuls les couples dont les deux parents travaillent peuvent inscrire leurs enfants à la cantine de Drancy et du Bourget. Autant dire que les chômeurs et les familles les plus en difficulté ne profiterons jamais de cette "généreuse gratuité" !!!

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  6. Cher camarade

    Je trouve cela triste de voir des ervices gratuits en sachant que les déficites sont la.
    Ce n'est certainement pas que parxce que l'on est Socialiste que il faut à tout prix accepter ces déficites qui en plus seront à payer plus tard par ceux profitant aujourd'hui de cette gratuité.
    Il est temps de s'attaquer non pas à la droite (representante des grands patrons)mais si de s'attaquer aux problemes existants et à venir.

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