dimanche 29 mars 2009

J'ai voté contre le budget de l'AP-HP


Au titre de mes fonctions de vice-président du Conseil général chargé notamment de la santé, je représente le département de la Seine-Saint-Denis au sein du Conseil d'administration de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, qui compte trois établissements sur notre territoire (Avicenne, Jean-Verdier et René-Muret). En juin 2008, j'ai été élu président de la Commission des finances de cet organisme, placé sur l'étroite tutelle de l'Etat.


Vendredi 27 mars dernier, la Commission des finances et le Conseil d'administration étaient appelés à se prononcer sur le budget de l'année 2009, proposé par la direction générale sur instruction du gouvernement. Ce budget est d'environ 6,5 milliards d'euros. Il est cette année encore particulièrement contraint.


Dans mon explication de vote, j'ai rappelé que je ne faisais pas partie de ceux qui considèrent que les fonds publics sont illimités. Je suis toujours favorable aux mesures qui permettent d'évoluer et d'améliorer la gestion, l'efficience des organismes publics. Cependant, dans le domaine de la santé, tout n'est pas économique. Quand on veut transformer efficience en productivité, cela pose des problèmes.


En 2008, des efforts considérables ont déjà été demandés à l'AP-HP : 27 millions d'euros d'économies sur les dépenses de personnel (ce qui a conduit à la suppression de 600 emplois) alors même que l'activité a progressée de plus de 3%.


En 2009, le gouvernement impose un nouveau tour de vis, qui risque d'asphysier complètement l'AP-HP, au risque de casser la dynamique de la réforme et de la modernisation de cette institution si utile. Les exigences en matière d'économies de personnel sont doublées, ce qui représente la suppression de 700 équivelents temps plein supplémentaires (1 200 emplois concernés) alors que les personnels n'en peuvent plus. Un déficit prévisible en fin d'année de 95,5 millions d'euros est d'ores-et-déjà annoncé. Pour parvenir à rétablir l'équilibre financier de l'institution à l'horizon 2012, ce sont plus de 100 millions d'euros d'économies nouvelles par an qui seraient de nouveau exigées en 2010, 2011 et 2012.


Comment ne pas imaginer que ces perpectives seront intenables, si le gouvernement ne se décide pas à changer de politique dans le domaine de la santé ? C'est ce que j'ai voulu signifier par mon vote contre, avec 22 autres administrateurs (l'ensemble des élus de gauche, des représentants du personnel et certains médecins). Il a cependant manqué 4 voix dans le Conseil d'administration (où les représentants de l'Etat occupent une place significative, avec le soutien des élus de droite) pour que ce budget soit rejeté.


Mais le combat pour garantir une offre publique de soin de qualité est loin d'être terminé. Je continuerai d'y prendre toute ma place.

samedi 21 mars 2009

A propos de l'OTAN...


Les députés de droite -sommés de rentrer dans le rang par le président de la République- ont finalement voté la confiance du gouvernement mardi dernier à l’Assemblée nationale, après que le Premier ministre ait été contraint d’engager sa responsabilité sur la question de la réintégration de la France dans le commandement militaire de l’OTAN.

Ils ont ainsi entériné une décision prise de manière totalement unilatérale par Nicolas Sarkozy, qui -comme à son habitude- n’avait même pas pris le soin d’attendre la tenue du débat parlementaire pour officialiser le retour « plein et entier » de notre pays au sein de cet organisme. Cette attitude en dit long sur la valeur accordée par le chef de l’Etat à la représentation nationale. On n’aurait pourtant pu espérer qu’il ait à cœur de créer les conditions d’un véritable débat, avant de revenir sur ce choix stratégique décidé par le général de Gaulle, qui fit l’objet d’un consensus de plus de 40 ans entre la gauche et la droite dans notre pays.

En toute vraisemblance, hormis l’obtention de quelques postes de commandement à la marge, l’évolution du statut de la France au sein de l’OTAN ne renforcera en rien sa position. La prétendue influence qu’elle pourrait alors avoir sur les choix stratégiques d’une coalition largement dominée par les Etats-Unis est une illusion. Rien dans cette décision ne permettra de relancer la construction d’une défense européenne digne de ce nom.

En revanche, ce choix –véritable abandon de la position très singulière tenue jusqu’ici par la France dans le concert des nations- est symboliquement lourd de sens et présente de nombreux inconvénients. D’abord le risque d’une détérioration de nos relations avec certains Etats qui ne verront dans ce rapprochement qu’un signe d’allégeance à Washington. Le risque ensuite que nos alliés européens interprètent la position du président comme un constat d’échec de la défense européenne. Le risque enfin que nos interventions militaires perdent en légitimité, parce que désormais vécues comme un ralliement aux choix stratégiques américains, dont ne serions dépendants.

La sagesse aurait voulu que cette décision ne soit pas prise dans la précipitation, sans doute même qu’elle ne soit pas prise du tout.