vendredi 30 septembre 2016

Quand les mauvais gestionnaires se permettent de donner des leçons...




Parmi les multiples procès en illégitimité intentés à la gauche, subsiste l’idée qu’elle serait mauvaise gestionnaire et que ses penchants dispendieux ne pourraient conduire qu’à la ruine du pays.

Dès son élection au printemps 2012, le président de la République François Hollande n’a pas échappé à cette accusation vieille comme la droite. Et pourtant !

Les finances publiques n’ont pas connu de nouvelle descente aux enfers durant ces quatre dernières années. Elles ont au contraire été redressées avec constance. Tout comme les chars russes n’avaient pas envahi la place de la Concorde, comme certains à droite le prédisaient en 1981, pour effrayer l’électeur.

A quelques mois du terme de ce quinquennat, la comparaison des bilans de la majorité et de celle qui l’a précédée fait sens.

Quel était l’héritage ? Un déficit annuel des comptes publics de 5,2 % du Produit intérieur brut (PIB) pour 2011, dernière année pleine du quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont le Premier ministre s’appelait François Fillon et les principaux ministres Alain Juppé, Bruno Lemaire, Nathalie Kosciusko-Morizet… Ce niveau exceptionnellement élevé, en dehors de tous les chiffres observés dans le passé, faisait suite à un record inouï, tristement atteint en 2009 : 7,2 % ! François Fillon, qui avait estimé en 2007 se trouver à la tête d’un « Etat en faillite » (faut-il rappeler que la droite venait de se succéder à elle-même lors des élections présidentielle et législatives ?), a donc précipité les choses pour que la banqueroute arrive encore plus vite.

En 2012, il devenait urgent de réorienter la trajectoire budgétaire de la France, pour éviter aux Français les affres du recours au Fonds monétaire international (FMI) et aux mécanismes d’intervention de l’Union européenne, dont chacun sait le prix qu’il a représenté et représente toujours pour nos voisins Grecs, Espagnols ou Portugais.

Cet effort indispensable pour redresser le pays, nous l’avons engagé avec sérieux, constance et détermination, dès le vote du projet de loi de finances rectificatif en juillet 2012, sous les quolibets de la droite qui n'a pas hésité à oser nous reprocher de ne pas résorber assez vite les déficits qu'elle avait elle-même creusés ! 

Nous ne l'avons pas fait par plaisir, mais par sens de l’Etat et de l’intérêt supérieur du pays. Nous avons choisi de mener ce travail d’assainissement difficile à un rythme qui permette, dans le même temps, d’éviter la récession et de créer les conditions d’une reprise (rappelons que la croissance était nulle en France lorsque nous avons été élus), d’éviter l’austérité subie par nos voisins en difficulté, de préserver notre modèle social, de financer les priorités sur lesquelles nous nous étions engagés : éducation, solidarité, sécurité.

Les résultats, même s'il semble que personne ne s'en rende compte, sont au rendez-vous. Pour la première fois depuis quarante ans, notre majorité sera celle qui aura chaque année proposé des hypothèses budgétaires fiables, les aura respectées au-delà de l’objectif initial et aura réduit tous les ans le niveau du déficit : 4,8 % pour 2012 ; 4,1 % pour 2013 ; 3,9 % pour 2014 ; 3,5 % pour 2015. Tous les indicateurs d’exécution de la loi de finances permettent d’affirmer que l’objectif de 3,3 % pour 2016 sera lui aussi tenu. Pour 2017, nous voterons d’ici la fin du mois de décembre un projet de loi de finances prévoyant 2,7 %, enfin sur la barre des 3 %. Voilà pour le bilan de ce quinquennat.

Quant à l’avenir ? Je souhaite alerter mes compatriotes sur les velléités de tous ceux qui, à droite veulent concourir à l’élection présidentielle, de s’affranchir de cette exigence de sérieux budgétaire. La perspective d’un creusement temporaire des déficits publics en cas de victoire à l’élection présidentielle est ainsi plus ou moins assumée (en tout cas bien réelle), par tous les candidats à la primaire de la droite, le scénario le plus honnête étant celui avancé par François Fillon qui indique clairement espérer, en cas de victoire, « contenir » cette hausse à 4,7 % du PIB, compte-tenu de toutes les promesses faites.

Cette nouvelle prise de distance avec les règles les plus basiques de bonne gestion, après le quinquennat terrible 2007-2012, a même conduit le président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale Gilles Carrez -qui, comme le veut le règlement, appartient à l’opposition et siège donc sous l’étiquette « Les Républicains »- à adresser une note à ses collègues les mettant en garde contre leur manque de crédibilité budgétaire. Il y précise notamment que la surenchère démagogique, à l’œuvre dans les propositions des concurrents à la primaire de la droite, impliquerait une remise en question de tout notre système, en passant par le report de l’âge légal de départ à la retraite, jusqu’à la remise en cause des prestations de santé.

La gauche serait-elle vouée à accéder aux responsabilités seulement quand la situation est désespérée, seulement pour rattraper les errements de la droite, avant de lui laisser de nouveau la place pour qu’elle recommence ? Personnellement, je ne puis m’y résoudre. Et je m’efforce d’en convaincre, même si j'ai conscience d'écrire ici ce que -malheureusement- personne ne semble préoccupé de placer dans le débat public.

jeudi 22 septembre 2016

L'extrême droite n'incarne ni le renouveau, ni l'exemplarité





J’entends souvent certains de mes concitoyens me dire : « Le Front national, on ne l’a jamais essayé, alors pourquoi pas ! ». Le motif me semble un peu court. Et l’argument pas tout à fait exact.

Le motif est court car, dans mon esprit, l’expression démocratique -si imparfait qu’en soit le système- devrait conduire chaque électeur à prendre en compte, avant tout, le projet politique de ceux auxquels il accorde son suffrage.

Un projet politique, ce n’est pas le catalogue de propositions plus ou moins nombreuses et détaillées, qui constitue une des figures imposées d’une campagne électorale. Ce n’est pas non plus un lot de promesses dont l’absence de crédibilité n’a d’égale que leur démagogie. Un projet politique, c’est d’abord l’indication d’une direction vers laquelle on veut conduire son pays.

Voter, c’est pour moi le fruit d’une réflexion, pas l’expression d’une impulsion. Après en avoir esquissé quelques aspects sur ce blog, le 1er septembre dernier (http://pascalpopelin.blogspot.fr/2016/09/qautre-offres-politiques-pour-2017.html), je reviendrai sur ce que pourrait donner le « projet politique » de l’extrême droite, dans les prochains mois.

Voter, c’est aussi accorder sa confiance à des femmes et des hommes qui auront la mission de représenter leurs concitoyens durant plusieurs années. Là encore, il me semble que chacun se devrait d’être exigeant.

De ce point de vue, le Front national ne peut se revendiquer d’aucune forme de virginité. Il est installé dans le paysage politique et institutionnel depuis plusieurs décennies. Il dispose d’élus, dont il est possible de juger l’engagement, le travail, le comportement.

En mars 2014, l’extrême droite a fait une percés inédite à l’occasion des élections municipales et obtenu un nombre conséquent de conseillers municipaux, ce mandat de proximité par excellence. Un peu plus de deux ans plus tard, 28 % de ces élus sous l’étiquette FN ont démissionné. Certains ont été remplacés par leurs suivants de liste. 13 % ont préféré siéger désormais à titre individuel ou pour le compte d’autres formations. Le record de l’absurdité et de l’irrespect des électeurs est observé dans une petite ville méditerranéenne où le seul siège obtenu par les disciples de la famille Le Pen est à ce jour occupé… par le 15e de la liste présentée en mars 2014 ! Les 14 autres candidats qui le précédaient ont démissionné ou refuser de siéger. Un peu comme Nigel Farage, qui après avoir poussé les Britanniques à jouer les apprenti-sorciers en choisissant le Brexit, s’est empressé de fuir toute responsabilité et de déserter. « Ca ne les intéressait pas. On a fait une liste, ils veulent bien se mettre dessus, mais siéger… ils n’avaient pas envie » raconte à l’AFP le dernier rescapé de l’aventure, dont la motivation ne rassure pas : « On m’a dit, vas-y, on verra bien. J’ai répondu OK, on verra bien » !

La désertion est moins massive pour les conseillers départementaux. Toutefois, sur 62 élus lepenistes en mars 2015, 10 % manquent déjà à l’appel. 3 ont quitté le FN, 1 a démissionné, 2 n’ont pas été réélus lors de partielles.

Si l’on ajoute à tout cela la farce et le fiasco qu’ont constitué l’élection en 1995 de municipalités d’extrême droite à Toulon et Vitrolles, la fraude organisée aux remboursements abusifs de dépenses de campagne surévaluées des candidats aux élections législatives de 2012, le détournement à des fins partisanes des fonds publics destinés à rémunérer les collaborateurs des parlementaires européens, personne ne devrait considérer que le FN peut, d’une manière ou d’une autre, incarner le renouveau, pas davantage l’exemplarité. Il présente au contraire le visage d’un passé politique, que j’aspire pour ma part à voir définitivement révolu.

jeudi 15 septembre 2016

Petite histoire fiscale d'un quinquennat





Assainir les comptes publics de la France, pour sortir notre pays de la dérive dans laquelle il s’enfonçait dangereusement, était une nécessité absolue au printemps 2012, lorsque la gauche s’est vue confier la responsabilité de l’exercice du pouvoir d’Etat par une majorité de Français.

Décider d’œuvrer, dès le début du quinquennat, au redressement budgétaire n’était en rien un choix facile. François Hollande l’avait annoncé durant la campagne et nous savions le lot d’impopularité et de difficultés que nous encourions.

Il eût été plus simple, comme certains le préconisaient, de laisser les choses dériver, continuer de laisser la dette et les déficits publics s’envoler. C’était courir vers la faillite, avec tout ce qu’elle comporte de menaces pour les services publics et le système de protection sociale. Beaucoup de pays, près de nous et pas seulement la Grèce, en ont fait la douloureuse expérience.

Nous aurions pu aussi, comme d’autres nous en pressaient sans jamais l’avoir fait, mener une véritable politique d’austérité, couper massivement dans le montant des retraites, des salaires des fonctionnaires, de l’indemnisation des chômeurs. Au-delà de l’impensable déclassement des classes moyennes et de l’effondrement des plus vulnérables, un tel choix eût été désastreux pour l’économie nationale que nous avons trouvée en panne, minée par une dramatique perte de compétitivité.

Refusant ces deux chemins tout aussi dangereux, nous avons fait le choix de l’équilibre : engager résolument la France dans une trajectoire budgétaire vertueuse, tout en finançant nos priorités politiques (l’éducation, la santé, le sécurité) et en préservant ce modèle social qui -même imparfait- demeure le ciment de la Nation.

Voilà pourquoi, en 2012 et en 2013, nous avons été contraints d’appeler les particuliers et les entreprises à contribuer à l’exigence de redressement. Nombre de nos compatriotes ne l’ont pas compris. D’autant que cet effort -que nous nous sommes attachés à répartir de manière équitable, en fonction des capacités de chacun, puisque 70 % des contributions nouvelles demandées ont reposé sur les 20 % les plus aisés- venait s’ajouter aux effets à retardement de mesures fiscales adoptées en catimini sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont il faut rappeler que le Premier ministre s’appelait François Fillon et les principaux ministres Alain Juppé, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet…  Demi-part fiscale pour les veuves et les veufs, non revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu et du quotient familial : nous aurions bien aimé revenir rapidement sur ces choix injustes. Sans le premier sou vaillant dans les caisses de l’Etat, c’était malheureusement impossible !

Mais en transparence, l’effort demandé à la Nation au début du quinquennat a été assorti d’un engagement ferme : celui de rendre aux Français -modestes et issus des classes moyennes- les fruits de leur contribution, dès que les comptes publics seraient replacés dans une trajectoire soutenable.

Nous avons atteint cet objectif, puisque nous sommes parvenus en quatre ans à réduire le déficit annuel de la France des 5,2 % du Produit intérieur brut (PIB) que nous avions trouvés en 2012 à 3,5 % fin 2015, avec une prévision qui sera tenue de 2,7 % pour l’année 2017.

Ainsi, dès 2014, le gouvernement de Manuel Valls a-t-il pu engager le processus de redistribution, à destination des particuliers et des entreprises. 

Entre 2014 et 2016, 12 millions de ménages ont vu leur impôt sur le revenu diminuer, pour un montant global de 5 milliards d’euros. Pour la seule année 2015, en Seine-Saint-Denis, 168 879 foyers fiscaux ont bénéficié de cette baisse, pour un montant moyen de 306 euros.

Nous sommes déterminés à poursuivre ce mouvement, à un rythme compatible avec le redressement de nos finances, lors du vote pour l’examen de la loi de finances pour 2017. Le gouvernement vient donc d’annoncer une quatrième vague d’allégement de l’impôt sur le revenu pour 1 milliard d’euros supplémentaires. Près de 5 millions de foyers fiscaux seront de nouveau concernés, pour une diminution moyenne de leur contribution de 200 euros environ. Par ailleurs, tous les retraités, quels que soient leurs revenus, pourront bénéficier à partir de 2017 d’un crédit d’impôt pour les services à la personne et l’emploi de salariés à domicile.

S’agissant des entreprises, le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) voté dès 2013 -auquel s’est ajouté en 2014 le Pacte de responsabilité et de solidarité - poursuit sa montée en charge et sera porté en 2017 de 6 % à 7 %, ce qui représente un allégement supplémentaire de 3,3 milliards d’euros. Le taux d’impôt sur les sociétés devrait pour sa part être ramené à 28 % -soit la moyenne en Europe- dès 2017 pour les PME et d’ici à 2020 pour toutes les entreprises.

Voilà ce que nous avons fait. Voilà pourquoi et dans quel contexte nous l’avons fait. Voilà ce que nous continuons de faire, jusqu’au terme de ce quinquennat. Je l’assume pleinement, car j’ai la conviction que c’était le chemin et le plus juste et le plus efficace, entre la purge et l’irresponsabilité. J’ai aussi la conviction que c’est dans cette voie qu’il faut poursuivre après 2017, en continuant de refuser la purge et l’irresponsabilité.

jeudi 8 septembre 2016

La gauche qui agit, pour un système de santé plus juste




Que la droite et l’extrême-droite taisent ou s’opposent aux réformes sociales du quinquennat est dans l’ordre des choses. Ces questions n’ont jamais passionné de ce côté-là de l’échiquier politique. En revanche, je considère totalement mortifères, ceux qui à gauche multiplient depuis le début de la législature les procès en trahison à l’égard de la majorité, prétendant qu’elle aurait honteusement tourné le dos aux objectifs de progrès social et de réduction des inégalités qui font son identité.

Je ne blâme pas et ne blâmerai jamais ceux de nos compatriotes qui témoignent d’une impatience compréhensible à constater une amélioration concrète, lorsque leur vie personnelle est difficile. Leurs attentes sont légitimes. Je suis en revanche bien plus sévère envers les motivations des responsables politiques qui dressent ce genre d’analyses caricaturales, dans un but qui n’a surtout rien d’altruiste.

Par souci de rétablir certaines vérités, je veux rappeler le chemin que nous avons accompli en un peu plus de quatre ans pour rendre notre société plus protectrice et plus solidaire. En ayant parfaitement conscience que beaucoup reste à faire.

Non, la gauche aux responsabilités, qui s’est pleinement consacrée à l’exercice du pouvoir dans un esprit de loyauté, n’a pas bradé le modèle social français. Les mesures que nous avons votées en matière de santé publique me semblent en témoigner tout particulièrement. Nous avons agi, malgré un héritage budgétaire qui n’autorisait presque rien, pour préserver l’excellence de notre offre de soins, reconnue dans le monde entier, tout en améliorant son accès pour le plus grand nombre.

Parce que nous ne pouvions laisser perdurer une situation conduisant un Français sur quatre à renoncer à se soigner pour des raisons financières, nous avons mis en place la généralisation du tiers payant. Il permet aujourd’hui aux plus vulnérables et demain à tous les assurés, de ne plus avancer les frais lors d’une consultation chez le médecin généraliste.
Une étape supplémentaire dans ce processus a été franchie le 1er juillet dernier, pour les patients bénéficiant d’une couverture sécurité sociale à 100 %. Il aura fallu, pour faire aboutir cette véritable révolution qui sera totalement en application le 1er janvier prochain, mener un combat de haute lutte.

Aucun déremboursement, aucune nouvelle franchise n’ont été appliqués depuis 2012, contrairement à la doctrine retenue par la précédente majorité, qui avait contribué à éloigner les plus fragiles du circuit de soins.

Nous avons également amélioré la prise en charge des affections de longue durée et mis en oeuvre une couverture à 100 % du cancer du sein et du diabète notamment. L’ensemble de ces dispositifs nouveaux ont permis de faire diminuer de manière significative la part des dépenses de santé restant à la charge des ménages, comme en attestent les dernières données publiés en début de semaine par la direction des études du ministère des Affaires sociales.

Parce que nous avons voulu répondre aux défis, nouveaux ou plus anciens, qui se posent en matière de soins, nous avons renforcé l’accès à l’IVG et la contraception. Nous avons œuvré à la diffusion des bonnes pratiques de santé dès le plus jeune âge, avec la mise en œuvre des « parcours éducatif en santé » qui s’intéressent tout particulièrement à la lutte contre l’obésité.

Nous avons édifié un système plus complet et adapté de prise en charge de la perte d’autonomie, dont j’ai présenté le contenu dans un précédent article publié sur ce blog.

Nous avons créé un véritable droit à l’oubli, pour permettre aux malades guéris de s’assurer et d’emprunter, sans avoir à justifier de leurs antécédents médicaux.

Depuis l’été 2012, nous nous sommes donc inscrits dans les pas de cette gauche qui a construit pas à pas, au cours des dernières décennies, l’essentiel de notre modèle social.  Nous nous sommes placés dans la continuité de ceux dont tout le monde reconnait aujourd’hui l’engagement et le volontarisme à gauche, mais dont on oublie souvent qu’ils étaient -en leur temps- l’objet des mêmes procès en trahison.

Nous l'avons fait enfin, ce qui constitue là encore un élément tout aussi inédit qu'essentiel, en réduisant de moitié les déficits abyssaux des comptes sociaux qui nous avaient été laissés.

jeudi 1 septembre 2016

En 2017, choisir entre quatre offres politiques




L’actualité de l’été et de cette rentrée consacre -à mes yeux- la caricature qu’est devenu notre débat public, rythmé par des polémiques mal maîtrisées et le commentaire prolifique d'actes individuels de papillons pris dans la lumière médiatique. 

Refusant d’apporter une quelconque contribution à cet emballement permanent qui hystérise la démocratie, je me suis prescrit une diète de plateaux de télé, de micros et de commentaires dans la presse écrite. On y survit fort bien. Travailler sur les grands ou petits dossiers de la circonscription et de ses habitants présente bien plus d’intérêt et a amplement suffi à occuper ces jours de pré-rentrée. 


On entend souvent que l’actualité spectacle est une façon d’occulter ce qui va mal. J’ajouterai, ce qui va bien aussi ! Au-delà, cette dérive -qui n’est pas récente, mais qui prend chaque année une ampleur davantage préoccupante- brouille la grille de lecture des véritables choix qu'auront bientôt à effectuer les Français pour leur avenir. 


Je voudrais donc, en cette rentrée, dire ma part de vérité sur ce que j’estime être les quatre offres politiques, claires et tranchées, parmi lesquelles le choix -conscient ou fortuit, pour de bonnes ou de mauvaises raisons- s’opérera dans maintenant huit mois.

La première offre politique est celle incarnée par les candidats à la primaire de la droite. 


L’exercice semble les pousser à la surenchère la plus démagogique, irresponsable, irréaliste. C’est à qui supprimera le plus grand nombre de fonctionnaires : "un certain nombre" pour Alain Juppé, 300 000 pour Nicolas Sarkozy, 500 000 pour François Fillon, 1 million pour Bruno Lemaire. Escalade des chiffres, silence sur les cibles. S’agira-t-il, comme durant le précédent quinquennat, des enseignants (- 80 000), des militaires (-50 000) des policiers et gendarmes (- 13 000) ? Difficile que ces métiers y échappent, si l'on veut bien considérer leur poids dans l'ensemble.

 
C’est à qui réduira le plus la dépense publique : 85, 100, 130 milliards ? Au-delà des effets récessifs désastreux pour le pays d'une telle purge en seulement cinq ans et de l’austérité (une véritable austérité pour le coup) qui frapperait alors l’immense majorité des Français, comment porter crédit à ces intentions, mises sur la table par des candidats qui ont tous participé à l’augmentation de la dite dépense publique à hauteur de 119 milliards de 2007 à 2012 ? 


La même surenchère les caractérise sur les plans politique et sociétal. Dans la lutte contre le terrorisme djihadiste, ils ont rompu le consensus qui prévalait jusqu’au massacre de Nice, le 14 juillet dernier : préserver l’union nationale dans la guerre contre le terrorisme, faire primer la raison sur l’émotion, concilier fermeté républicaine et respect de l’Etat de droit,  refuser les dérives qui ont mené les Etats-Unis de Bush au Patriot Act  et à Guantanamo. Le très injuste procès en passivité intenté au gouvernement de Manuel Valls et à son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve prépare le terrain a des projets -tel l’enfermement préventif sur simple soupçon- qui ne pourraient voir le jour qu’au prix de l’abandon des tous les principes qui ont fondé la République depuis plus de deux siècles. Les Français seront-ils prêts au retour des lettres de cachet, 227 ans après leur disparition ? Il serait bon, en tout cas, qu'ils y réfléchissent bien.

La deuxième offre politique, sans qu’il faille voir un quelconque classement dans l’ordre qui m’amène à les aborder, est celle de la gauche dite radicale ou de contestation. 


Elle sera sans doute incarnée par Jean-Luc Mélenchon, flanqué peut-être par quelques autres, puisque l’individualisme a prévalu sur l’organisation de tout processus de rassemblement, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour un camp qui use et abuse de la thématique du collectif.
 


Le tonitruant insoumis préconise désormais la sortie de tous les traités européens, celle aussi
 -pour faire bonne mesure- du nucléaire. Il avance un programme social qui aurait peut-être pu être envisageable du temps des Trente Glorieuses, lorsque la croissance économique était de l’ordre de 5 % annuels et que nous vivions en économie fermée. 


Cette gauche tournée vers le passé est une promesse d’illusion, comme l’a démontré en Grèce le virage à 180 degrés qu'a été amené à opérer Alexis Tsipras, confronté à la réalité de l’exercice du pouvoir. Mais à la différence de la Grèce, la conquête du pouvoir est en France hors de sa portée. Son seul objectif est de dépasser le candidat social-démocrate. Une telle stratégie, conduite avec un acharnement mortifère,
 ne sert en fait que les desseins de la droite et le l’extrême droite. Elle flatte la tendance naturelle à dénigrer les sortants, l’inclinaison historique à se dire toujours déçu de la gauche au pouvoir, dont on instruit chaque fois et en permanence le procès en trahison. Elle parie sur la mémoire courte, l’oubli de la leçon du 21 avril 2002. 


L’extrême droite, nationaliste, autoritaire et xénophobe, constitue la troisième offre politique pour 2017. 


Elle n’a pas besoin de parler beaucoup. Le comportement des autres lui suffit. Le tumulte non maîtrisé du débat public, l’absence de hauteur, les petits coups bas, tout comme la posture bien-pensante des élites qui se contentent de répéter que voter Le Pen c’est mal, font -de moins en moins lentement- son jeu.
 


Le cardinal de Retz a écrit dans ses mémoires qu’on ne sortait de l’ambiguïté qu’à son détriment. Marine Le Pen reste donc tranquillement installée sur le créneau traditionnel des mouvements populistes qui ont balafré l’histoire de l’Europe depuis un siècle, lorsqu’ils réussirent à duper les électeurs : nous n’avons jamais exercé le pouvoir, que risquez-vous à nous essayer ? Tout simplement la mise en œuvre d'un projet politique dont l’application -même partielle- plongerait la France dans un chaos profond !
 


Peu ont fait l’effort d’aller regarder ce qu’envisage le Front national si par malheur
 il accédait au pouvoir par inadvertance. Moi oui. Il s’agit d’une sorte de catalogue fou, qui promet tout et son contraire.

Parmi les propositions les plus divertissantes : l’augmentation de 200 euros nets de tous les salaires jusqu’à 1 500 euros. Coût estimé (pas par Marine Le Pen, qui ne s’embarrasse pas de questions aussi vulgaires) : 20 milliards pour le secteur public et 65 milliards pour les entreprises. Les grandes banques ? Nationalisées à 50 %. Compter 65 autres milliards pour les seuls BNP, Société générale et Crédit agricole. 


Comment financer tout cela ? Les « grosses entreprises » devraient affecter 15 % de leurs bénéfices à un « fonds de réindustrialisation ». Les voilà donc avec un taux d’imposition à plus de 50 %. Mais rien de grave, puisqu’une grande loi « Achetons français » obligera l’Etat et les administrations à se fournir auprès de ces entreprises surtaxées.
 


Quant à l’abandon de l’euro, il générerait mécaniquement une augmentation de notre dette de 500 milliards, pour commencer. Qu’importe, la banque de France imprimerait chaque mois autant de francs qu’il faudrait pour boucher les trous ! Jusqu’à la banqueroute totale.


Passons sur le recrutement obligatoire de « fonctionnaires patriotes » qui rappelle furieusement le serment d’allégeance qui devait être prêté au maréchal Pétain. A chaque fois que l’extrême droite a accédé au pouvoir démocratiquement, tout à toujours commencé très gentiment, pour se finir très très mal !
 


La quatrième offre, c’est celle de la gauche de gouvernement, actuellement en charge des affaires de notre pays.
 


Incarnée par le président de la République François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et tous ceux qui sont ou n'ont pas oublié qu'ils ont été membres ou soutien de gouvernements depuis 2012, elle n'est pas qu'un bloc. Comme les autres options ! Elle n’a pas toutes les vertus. Le prétendre serait idiot. Dieu sait qu’elle m’agace parfois; Mais qui n'agace jamais, moi le premier ? 

Son bilan a été si décrié, avant même qu’il soit raisonnable d’en faire un -dès le 16 mai 2012 !- que certains pourraient se demander comment je puis oser prétendre encore le défendre. Eh bien j’ai pour ma part la conviction qu’il sera réévalué, à la lumière du débat s’il vient enfin et de ses derniers résultats. J’espère que cette justice sera rendue avant, plutôt qu’après les élections de 2017. Je m'efforcerai d'y prendre toute ma part.

Son programme sera celui de la social-démocratie. Poursuivre ce qui a été entrepris et qui a besoin de durée pour porter pleinement ses fruits. Continuer de réindustrialiser la France pour préserver son modèle social et sa civilisation, son rang de puissance d’influence dans le monde, tant il est vrai que sans une base économique solide, la capacité de projection militaire ne suffit pas. Protéger les Français et les Européens contre le terrorisme djihadiste dans le respect de nos valeurs et de l’Etat de droit. Réformer et réorienter l’Europe. Réussir la transition écologique et numérique. Relancer le dialogue et la négociation avec les partenaires sociaux, malgré la régression récente, car il n’y a pas d’autre méthode de modernisation démocratique de nos sociétés. Faire vivre le compromis d’adaptation progressiste à la mondialisation et à la troisième révolution industrielle, celle des bio-technologies, des nano-technologies, du numérique de nouvelle génération, de l'intelligence artificielle…
 


Ce pacte social d’un type nouveau diffère des compromis sociaux-démocrates offensifs ou défensifs du siècle dernier, en ce que son objet va au-delà d’une plus juste répartition de la richesse produite et de l’amélioration des conditions de travail et de vie des salariés. Son enjeu principal est l’instauration d’un nouveau mode de production, de consommation, d’existence. L’intérêt bien compris de la classe ouvrière et des classes moyennes salariées, en France et en Europe, c’est de réussir cette mutation économique, sociale et sociétale. Et pour cela, d’accepter de s’en faire les artisans. 


Voilà les quatre offres politiques qui sont sur la table.
 En y regardant de bien près, je n'en vois aucune autre. C'est donc de ces quatre options dont j’aimerais que l’on parle. Elles méritent d’être confrontées, soupesées, critiquées, enrichies, durant les mois qui nous séparent de choix qui engageront notre pays pour cinq années. Le reste n’est que de l’enfumage.