lundi 8 janvier 2007

Sujet difficile, traité avec tact et talent

Après l'avoir découvert lors de projection organisée à Clichy-sous-Bois le 8 décembre dernier en présence des familles des victimes, j'ai vu ce soir à Paris, pour la deuxième fois, le film "L'embrasement" qui évoque les douloureux évènements d'octobre et novembre 2005, consécutifs à la mort des jeunes Bouna et Zyed.

Il n'était pas simple -et c'est je crois une première- de réaliser une fiction sur un fait d'actualité si récent. Dès que mon amie Fabienne Servan-Schreiber, productrice du film, m'a fait part de ce projet, je me suis efforcé de l'aider à le concrétiser et je l'ai encouragée (mais avais-je besoin de le faire?) à prévoir le maximum de tournages sur les lieux mêmes où tout avait commencé, à Livry-Gargan et à Clichy-sous-Bois. Malgré la fraîcheur des blessures, le film a été réalisé pour une très large part dans les deux villes à la fin de l'été dernier, dans le respect le plus total.

Le risque était grand de faire un film à charge ou un film militant. Le résultat est un film citoyen, qui n'est complaisant ni avec les comportements de certains jeunes, ni avec les possibles débordements policiers. Le scénario du film ne cherche à justifier ni les uns, ni les autres. Il tente au contraire d'apporter des éléments d'éclairage et de réflexion, en montrant tout autant les conditions de vie quotidienne difficiles dans nos quartiers, mais aussi celles des fonctionnaires de police, qui connaissent aussi la galère. Il met en évidence les murs d'incompréhension qu'il va bien falloir nous atteler un jour à abattre.

"Les jeunes couraient parce que les policiers couraient... Les policiers couraient parce que les jeunes couraient...". Et si cette réplique du journaliste belge, personnage principal du film, résumait à elle seule toute la dérision d'une situation devenue un drame parce que deux enfants sont morts ?
Sans doute parce que les lieux ont toujours fait partie de ma vie, parce que je connais un peu les familles des victimes et certains de leurs amis, parce que leurs avocats comme les policiers ne me sont pas inconnus, même en voyant le film pour la deuxième fois, j'ai eu des frissons lors de certaines scènes, lourdes d'émotion.
Mes chaleureuses félicitations au réalisateur Philippe Triboit et à son équipe.

Je vous conseille vraiment, si vous le pouvez, de découvrir sur Arté vendredi prochain 12 janvier à 20h50 ce film qui ne pourra pas vous laisser indifférent.

4 commentaires:

  1. Ce film ne peut effectivement pas laisser indifférent.
    A tel point que le débat qui devait se tenir à la suite de sa projection, le 9 décembre à l'Espace 93 de Clichy sous Bois, n'a pas eu lieu. Les spectateurs, la gorge nouée, ne souhaitaient pas s'exprimer...

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  2. Merci de l'info. Pas trop télé, mais manétoscope connecté pour Vendredi soir.
    Et Chirac ???

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  3. Pourquoi si peu de rédactionnel sur ce sujet ?? Ce film peut INFORMER.
    Je vis dans le 93, mais travaille dans le 94. J'habite Clichy et je connais Zyed et Bouna, l'histoire, octobre, les noms, les faits... mon interprétation, la façon dont je l'ai vécu, la souffrance... L'indifférence du 94 me sidère. Vont-ils se donner la peine de regarder ARTE plutôt que NCIS.

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  4. Si vous avez manqué la diffusion de vendredi soir sur Arté, vous pouvez télécharger le film sur le site de la chaîne jusqu'au 19 janvier 2007

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