mardi 9 octobre 2012

Pourquoi j'ai voté le TSCG


J’ai toujours été un européen exigeant. Cela m’a notamment conduit à voter contre le Traité constitutionnel européen soumis à référendum en 2005. Pour cette même raison, je n’aurais pas voté le Traité européen pour la stabilité, la coopération et la gouvernance (TSCG), s’il avait été présenté seul, tel que Nicolas Sarkozy et la précédente majorité envisageaient de le faire. Non par sectarisme, mais tout simplement parce que seul, il n’était pas porteur d’une réorientation de la politique de l’Union européenne que j’appelle de mes vœux depuis de nombreuses années.

Le texte qui a été aujourd’hui soumis pour ratification à l’Assemblée nationale étant celui signé par Nicolas Sarkozy en mars dernier, voici les  deux principales raisons qui m’ont conduit à le voter néanmoins sans hésitation.

La première raison est que je crois à la nécessité de fixer des objectifs de maîtrise budgétaire aux Etats, face aux dérives de ces dernières décennies. C’est ce que nous avons proposé pour la France au printemps dernier, lors des campagnes électorales pour la présidentielle, puis pour les législatives. Pour redresser le pays, il faut réduire les déficits budgétaires abyssaux, que la droite a très largement contribué à creuser au cours de ces dix dernières années. Si un consensus semble désormais exister sur cet objectif, les moyens que nous entendons mettre en œuvre pour y parvenir n’ont rien à voir avec ceux que préconise la droite, qui n’est de toutes façons pas la mieux placée pour donner des leçons d’orthodoxie budgétaire. Par ailleurs, contrairement à ce que voulait imposer Nicolas Sarkozy, nous n’inscrirons pas ces règles de maîtrise budgétaire dans la constitution.

La deuxième raison tient au fait que le Traité seul aurait conduit à l’austérité assurée, mais que ce qui a été obtenu par le président de la République à l’occasion du sommet européen des 28 et 29 juin derniers rééquilibre la nécessaire rigueur budgétaire par une réorientation de la politique européenne. L’obtention d’un pacte de croissance de près de 120 milliards d’euros (240 avec les investissements privés qui en découleront), la perspective de mise en place d’une taxe sur les transactions financières, l’instauration d’un mécanisme de supervision bancaire qui encadrera le secteur financier et édictera des règles prudentielles qui ont tant manqué avant le déclenchement de la crise, y concourront directement. 

Sans enthousiasme particulier pour ce traité, mais sans non plus l’accabler d’une indignité qu’il ne mérite pas, le sens de mon vote en faveur de la ratification de ce texte est avant tout la volonté que j’exprime de voir se concrétiser une véritable réorientation de la politique de l’Union européenne  et de renouveler la confiance que j’accorde au Président de la République, ainsi qu’au gouvernement pour y parvenir.

2 commentaires:

  1. Monsieur Popelin, ou plutôt Monsieur le Député maintenant,

    Finalement votre article aurait pu se résumer en une phrase, la dernière, raccourcie: "Sans enthousiasme pour ce traité, le sens de mon vote est avant tout la volonté de renouveler la confiance que j’accorde au Président de la République". On y aurait gagné en clarté.

    J'admire tout de même votre numéro d'équilibriste. Si j'ai bien compris, vous auriez rejeté le traité présenté par Nicolas Sarkozy alors que vous votez celui de François Hollande, mais ce n'est pas du tout parce que l'un est votre copain socialiste, et l'autre votre adversaire de l'UMP. Non, car il y a en effet une subtilité: le pacte de croissance ! Ca change tout...

    Sérieusement, comment quelqu'un qui s'est montré pour le moins réservé vis-à-vis de l'évolution de l'Union européenne ces dernières années peut-il nous expliquer que ce traité est une bonne chose, en occultant complètement l'essentiel: la perte de souveraineté nationale ? Car ce qu'on n'a pas dit aux Français, c'est que maintenant, quand un gouvernement, issu du vote du peuple, voudra faire voter un budget, il sera soumis au regard inquisiteur des bureaucrates européens.

    Et ce que l'on souligne encore moins, c'est que quand on ne jouera pas les bons élèves, l'Union européenne aura l'excellente idée d'infliger une amende à la France, qui selon certains calculs, serait montée à 2 milliards d'euros en 2012 ! Logique, pour sanctionner un pays qui veut réduire son déficit...

    Mais, malgré tout, c'est bien, si je vous lis, car nous n'étions pas capables de le faire nous-mêmes, nous avions besoin de nous mettre sous la tutelle d'une institution démocratiquement illégitime, et toujours plus remise en question par les peuples. C'est dire aussi la confiance que vous accordez à votre propre majorité. Vous dites: "je crois à la nécessité de fixer des objectifs de maîtrise budgétaire aux Etats, face aux dérives de ces dernières décennies". Ce traité vaut pour l'avenir, ce qui signifie que:
    - soit vous considérer que de nouvelles dérives vont se produire. Là dessus je vous suis !
    - soit vous considérer que votre majorité déjà vacillante ne fera pas long feu, et que la droite sera bientôt de nouveau aux commandes.
    - soit les 2.

    J'espère en tous les cas que nous aurons bientôt de nouveaux articles de votre part, car il y a décidément beaucoup de choses à dire de cette majorité, qui a beaucoup parlé et donné bien des leçons, qui renonce à beaucoup d'engagements (et parfois, tant mieux !), qui déçoit de plus en plus (déjà !) les Français, et qui fait preuve d'un manque de sérieux invraisemblable.

    Voyez-vous, je n'aime pas la guéguerre PS-UMP qui consiste à exercer une opposition bête et méchante. Mais là, objectivement, ce que l'on voit depuis juin dernier est consternant. Et vous n'avez pas fini les exercices de grand écart. Il vous faudra bien du courage pour nous expliquer à quoi s'amusent votre gouvernement et votre président...

    RépondreSupprimer
  2. Cher Brice Serrano,

    Votre message m'inspire les quelques remarques suivantes.

    Sans doute avez-vous mal lu le traité en question pour évoquer une "perte de souveraineté nationale". Le Conseil constitutionnel, consulté par le président de la République a jugé du contraire, estimant que le TSCG n'emportait aucune modification de ce point de vue par rapport aux traités déjà signés.

    Vous minimisez l'importance du pacte de croissance obtenu par le président de la République lors du sommet européen des 28 et 29 juin 2012. C'est votre droit. Je pense que les faits vous donneront tort. Le dernier sommet européen qui s'est tenu fin octobre est déjà là pour commencer de vous contredire.

    Vous estimez que de nouvelles dérives budgétaires sont à redouter. Telle n'est pas l'orientation prise par l'actuel gouvernement qui propose au parlement un projet de loi de finances particulièrement courageux pour mettre un terme aux dérives budgétaires des 30 dernières années et singulièrement de la dernière décennie.

    Contrairement à ce que vous écrivez, le président et le gouvernement, pas plus que les députés de la majorité d'ailleurs, ne s'amusent. Ils travaillent simplement au redressement de la France qui en a bien besoin.

    Cordialement,
    Pascal Popelin.

    RépondreSupprimer