mercredi 30 janvier 2008

A propos de valeurs...

Un internaute, qui m'a adressé plusieurs commentaires sur ce blog, regrette que je n'y dise rien de mes "valeurs". Je pensais effectivement que mon engagement dans la vie publique -somme toute assez linéaire depuis maintenant plus de 22 ans comparativement à d'autres parcours- ne rendait pas cet exercice indispensable à tout moment. Toutefois, dans notre société en perte de repères, j'avais sans doute tort. C'est donc avec plaisir que j'ai décidé de me livrer à ce -difficile- exercice.

Je me suis investi dans le militantisme et l'action politique, parce que je souhaite une société dans laquelle toute personne humaine doit pouvoir trouver sa place. Bien sûr, chacun d'entre-nous a sa part de bon et sa part de moins bon. Je ne crois ni en l'Homme parfait, ni en l'Homme totalement mauvais.

Pour moi, l'objet de toute société est de garantir la liberté (dont il n'y a pas à mes yeux de meilleure définitition que celle contenue dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789), l'égalité et la dignité des hommes et des femmes, le bien-être, la responsabilité et la solidarité.

Nous vivons dans un monde où l'évolution des sciences et des techniques ouvre de nouveaux espaces de liberté et de créativité, qui peuvent cependant aller jusqu'à détruire ou pervertir toute forme de vie. Je veux apporter ma petite pierre pour qu'au contraire, ces évolutions deviennent véritablement des progrès pouvant bénéficier à tous.

La faillite des systèmes collectivistes, qui ont longtemps représenté dans le monde une alternative au système capitaliste, laisse aujourd'hui l'économie de marché comme unique modèle de société existant. Personne n'en a à ce jour mis d'autre en application nulle part. Pour ce qui me concerne, je ne remets pas en cause l'économie de marché. Je considère néanmoins que son modèle théorique génère naturellement des inégalités, qu'il accentue les déséquilibres mondiaux, créé des exclusions. Il revient donc à la puissance publique et aux acteurs sociaux de mettre en oeuvre les moyens permettant de corriger ces effets pervers et de redonner au système, chaque fois que nécessaire, des objectifs conformes à l'intérêt général. En clair, l'homme n'est pas au service de l'économie. C'est l'économie qui n'existe que pour le servir.

Je pense par exemple que les salariés ne peuvent pas être simplement considérés comme un élément du processus de production, dont le niveau de salaire ou d'emploi doit simplement être adapté aux exigences du marché. Je pense que notre ambition ne peut pas être de nous aligner toujours vers le plus "compétitif" en terme de coût de main d'oeuvre et de droits sociaux. Au contraire, je souhaite que les économies développées agissent pour amener les économies émergentes vers le progrès social. Concrètement, je préfère pour l'avenir que les enfants de Chine, d'Inde ou d'Afrique aient des salaires décents et bénéficient d'une protection sociale, plutôt que mes enfants ne soient contraints demain de travailler dans les conditions imposées aujourd'hui dans ces pays. Et tant pis si nous payons nos chaussures de jogging et nos écrans plats un peu plus cher...

Je pense aussi que l'avenir de notre planète ne peut être laissé entre les seules mains du marché. On connait aujourd'hui les dégâts générés sur la terre par cent cinquante années d'économie industrielle. Nous savons que désormais, c'est à l'échèle d'une vie d'homme et non pas dans un avenir lointain, que nous connaîtrons des problèmes si nous ne modifions pas très vite nos comportements. Je ne crois pas que la seule "main invisible" du marché permette de relever ces défis. Il faut des élus locaux qui agissent, des gouvernements qui fixent des règles, des instances internationales qui décident.

Je pense au logement, à la santé, à la vieillesse et plus généralement à la vie tout court : dans une économie de marché non régulée, on se loge, on se soigne, on se fait aider quand on est dépendant, que si l'on peut acheter un service, au "prix du marché". Alors que fait on de ceux qui n'en ont pas les moyens ? Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'on doit demander sa carte bleue à quelqu'un avant de savoir si on va le soigner ou pas ! Mon modèle n'est pas une société où ceux qui ne trouvent pas à se loger dorment dans la rue ou dans des cabanes à la périphérie des villes.

Je ne suis pourtant pas un adepte de l'assistanat, de l'encouragement à l'oisiveté, selon la caricature souvent faite des femmes et des hommes de gauche. Le laxisme ne fait pas partie de ma culture, ni en matière sociale, ni pour ce qui concerne la délinquance. Je pense que notre société doit en revanche utiliser tous les moyens à sa disposition éviter l'exclusion. Cela commence à l'école, mais cela passe aussi par la formation tout au long de la vie. Cela concerne la réhabilitation de la notion de citoyenneté, y compris au moyen des vecteurs de communication que sont la télévision et de plus en plus aussi l'internet. Cela continue par tous les dispositifs que peuvent mettre en place les pouvoirs publics (Etat et collectivités locales) pour ne pas abandonner ceux qui n'ont pas réussi, ou pas assez réussi par leur propres moyens, à disposer du minimum pour vivre de façon décente. Non pour les maintenir dans un état de dépendance, mais pour donner le temps nécessaire à une réinsertion sociale.

Je crois à la démocratie, au pluralisme, au suffrage universel (parce qu'on n'a pas trouvé meilleur système). Je suis attaché à la liberté de conscience, à la laïcité de l'Etat (et en particulier de l'école publique). J'estime que l'accès à l'information et à la culture est une condition essentielle de la démocratie. C'est pourquoi l'indépendance de la création et de la communication à l'égard du pouvoir politique et du pouvoir financier m'apparaît indispensable (même si nous en sommes loin !). Je me bats pour l'égalité et à ce titre, je récuse toute mesure discriminatoire fondée sur le sexe, l'origine, les convictions philosophiques ou religieuses, les choix de vie personnels. Voltaire écrivit :"je suis en désaccord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour que vous puissez le dire". Peut-être suis-je plus modéré. En tout cas, je fixe une limite à ce beau principe : le respect par celui avec lequel je suis en désaccord des mêmes règles que moi. Sinon c'est toujours celui qui est tolérant qui perd !

J'ai pour objectif de faire en sorte que tous ceux qui résident sur notre sol puissent y vivre librement et adhérent aux valeurs de la République. Cela représente un effort pour nous, mais aussi pour eux... Je ne souhaite pas que la France s'ouvre davantage à l'immigration (même si c'est une "immigration choisie" telle que la préconise Nicolas Sarkozy), mais j'ai conscience qu'aucun pays ne peut ériger des murs pour empêcher les hommes de circuler librement, surtout dans notre monde moderne. Pour moi, la solution à ce problème réside donc dans le développement de la démocratie et du niveau de vie des pays que certains sont aujourd'hui contraints de quitter pour survivre (ce qui nous renvoie à ce que je disais au début de cet article). C'est un sujet qui concerne naturellement la France, mais au-delà, tous les pays riches.

Je crois enfin à l'avenir de l'Europe, mais je ne veux pas qu'elle demeure un simple espace d'échanges économiques. Je veux une Europe politique et sociale, qui contribue à la mise en oeuvre de ce qui précède. Estimant que le traité constitutionnel européen soumis à référendum en mai 2005 n'allait pas dans ce sens, j'ai donc voté "non" et le referais aujourd'hui, si on me reposait la question.

Voilà tout le bric à brac qui me sert de points de repères, dans ma vie d'homme, de père, de citoyen et d'élu. Chaque jour, je m'efforce d'être cohérent avec ces références dans l'exercice de mes mandats :

- je suis rigoureux et économe dans l'emploi des deniers publics en tant qu'adjoint au maire de Livry-Gargan chargé des finances, parce que je crois à l'action publique, mais que je sais que la ressource fiscale n'est pas extensible à l'infini,

- toujours en tant qu'adjoint au maire, j'agis pour le développement économique de ma commune parce que c'est une source d'emploi et de richesse, mais je m'attache à intégrer ces activités dans la qualité de notre tissu urbain et à veiller qu'elles ne nuisent pas à notre environnement,

- en tant qu'élu municipal, je soutiens la construction de logements accessibles à tous dans ma ville, je défends le principe des quotients familiaux pour les tarifs des services publics municipaux, je fais de l'école une priorité budgétaire, j'optimise sans cesse notre régie directe qui me semble être le mode de gestion le meilleur quand il est bien managé,

- en tant que conseiller général, je veille à ce que les politiques sociales du département, dans lesquelles je suis très impliqué, rendent les services pour lesquels elles ont été décidées. Je suis très attentif à ce qu'elles profitent le moins indûment possible à ceux (il y a en malheureusement, même s'il n'y en a pas tant qu'on le dit) à qui elles ne sont pas destinées,

- en tant que responsable de divers organismes agissant dans le domaine de l'eau, je travaille à la préservation de cette ressource essentielle à la vie, dont la production a aujourd'hui malheureusement un coût, mais qui doit rester disponible pour tous.

J'aurais encore beaucoup d'exemples à donner... Bref, je fais de mon mieux, avec les moyens dont je dispose, pour être en harmonie avec ce que je crois et pour faire partager ces convictions au plus grand nombre.

3 commentaires:

  1. C'est pour toutes ses raisons que jamais je ne pourrais faire de politique... Je ne pourrais pas me lever tout les matins avec l'envie (ou l'ambition) de rever d'un monde meilleur. Je n'y crois pas. A tort d'ailleurs.... Je devrais. Mais je n'ai pas ces valeurs. Cette valeur qu'on certainement les millitants des partis politiques.

    Et c'est la raison pour laquelle je ne pourrais jamais faire de politique, que j'ai en parallèle, une profonde admiration pour ces mêmes millitants quelque soit leurs tendances politiques...même les plus extrêmes.

    J'ai la "naiveté" de penser que garantir la liberté aux hommes est dangeureux.
    Quels libertés doit-on garantir ? Qu'est ce que la liberté ? Quelles en sont les limites ? Et les limites doivent-elles exister si on veut garantir la liberté ? J'en veux pour preuve aujourd'hui, qu'un responsable politique de gauche comme Pascal Popelin, de par sa liberté d'expression va jusqu'à "ne pas souhaiter que la France s'ouvre davantage à l'immigration même si elle est choisie". Qu'en j'entends ça (ou plutôt que je lis ça) deux choses me viennent à l'esprit. La première est d'espérer que Pascal Popelin ne soit pas l'auteur de ces propos. La deuxième me fait dire que, au moins Sarkozy, par le biais de son soldat Hortefeux, est pour une immigration. Choisie, certes, mais il est pour...
    Mais bon sang, si même à gauche on ne souhaite pas une ouverture à l'immigration, mais que laisse t-on à Jean-Marie ????
    Voilà une raison pour laquelle il me semblerait difficile de prendre ma carte au PS (entre nous, je me vois mal la prendre pour un autre parti mais sait-on jamais, au point ou on en est).

    Les millitants, même s'ils ne pensent pas comme moi, ont au moins le mérite de penser et d'agir. D'ailleurs, pas sur que fermer sa bouche soit la meilleure solution. Me vient à l'esprit une phrase de David GINOLA (mon idole...) "J'ai la naiveté de penser que les choses qui vont sans dire vont bien mieux en les disant."
    Alors, à tout les millitants qui liront ce texte, à tout les responsables politiques qui prendront la peine de me lire jusqu'ici... continuez ce combat que vous avez fait votre. Parce que vous aurez toujours une personnes "venu d'ailleurs" pour venir critiquer sans rien comprendre à la politique, aux militantismes, à l'investissement humains, a l'espérance d'un monde meilleur et qui préfèrera tout sa vie regarder TéléFoot le dimanche matin plutôt que d'aller à Chanzy distribuer des tracts à des personnes qui ont besoin d'être convaincu. Zidane me fera toujours davantage rêver que sarko ou Ségo... Lui au moins il a réussi à anéantir le racisme pendant 48 h un 12 juillet 1998 (dixit Jamel Debouzze).

    En tout cas, j'ai beaucoup d'admiration pour vous, Mr Popelin. Et je le dis en tout sincérité... et en toute liberté.

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  2. M. Popelin,
    Je ne peux que vous saluer pour le courage dont vous avez fait preuve en précisant vos valeurs, exercice effectivement difficile.
    Je ne répondrai pas sur chacun des points que vous avez soulevés, car je me garderai bien de monopoliser l'espace de réponse de votre blog.
    Je reconnais toutefois que nous avons un point commun: nous développons notre vision de la France en partant de la DDHC, et il n'est jamais superflu de s'appuyer sur elle.
    Néanmoins, je tenais à dire un mot sur la mondialisation, que vous évoquez sans la nommer. Vous affirmez préférer que les enfants d'Afrique par exemple aient des salaires décents et une protection sociale (quand ils seront grands, biensur), plutôt que vos enfants ne soient contraints de travailler à l'avenir dans les conditions imposées dans ces pays.
    A mon sens, vous formulez un voeu pieux car justement, l'un ne va pas sans l'autre. Par exemple, les Chinois consomment des céréales et le prix des pâtes augmente chez nous. C'est ça la mondialisation, et c'est la même chose pour les conditions de travail. En France, elles se détériorent parce que d'autres pays sont plus performants en terme de coût du travail. La mondialisation conduit à une "moyenne" entre les pays concernés. C'est pour cela que notre pays fut un "eldorado" dont on s'éloigne à mesure que le temps passe.
    Par ailleurs, sur la construction européenne, je vous souhaite bon courage car dans votre parti, on peut dire que tous les violons sont loin d'être accordés et votre position en faveur du "non" au referendum de 2005 n'a pas dû toujours être aisée à défendre. Mais là encore, j'ai un peu de mal à comprendre en quoi le traité de 2005 et le TFUE de M. Sarkozy vont empirer la politique libérale de l'Union. La politique de concurrence libre et non faussée ainsi que les pouvoirs de la BCE découlent du Traité de Maastricht ratifié par votre illustre ainé, François Mitterrand. En résumé, le "non" ne nous a pas fait avancer d'un pouce, et a même plutôt marginalisé la voix de la France durant 2 ans.
    En tous les cas, j'ai pris un certain plaisir à lire votre véritable profession de foi, avec une touche de philosophie (enfin !)
    Voici de la politique avec du fond. Je suis militant pour le "camp d'en face" mais nous serons amener à nous croiser, et je serai ravi de vous saluer.

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  3. Bon rétablissement Xavier, et reviens nous vite !!!
    MB

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