vendredi 12 février 2016

Un pas supplémentaire vers le droit à mourir dans la dignité




La fin de vie est un sujet qui touche à notre intimité, chacun d’entre nous ayant ou étant en recherche de sa propre conviction, souvent nourrie de vécu, de valeurs philosophiques ou d’inspiration religieuse.

A l’occasion de la promulgation, le 2 février dernier, de la loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie, qui vise à approfondir la palette des possibilités qui s’ouvre aux patients atteints d’un mal incurable pour les accompagner au mieux dans ces ultimes épreuves, je souhaite exposer ici, en transparence, les raisons qui m’ont conduites à voter ce texte, lors de son examen à l’Assemblée nationale.

Comme une très grande majorité des Français, je suis de ceux qui plaident de longue date en faveur d’une évolution de notre droit, qui permette véritablement à chaque individu d’avoir une fin de vie conforme à la conception qu’il se fait de sa liberté et de sa dignité. Je me situe clairement du côté des défenseurs du « droit à choisir sa mort », lorsqu’un accident de la vie nous conduit à imaginer devoir en accélérer le processus.

Je suis aussi de ceux qui préfèrent soutenir une avancée, plutôt que de me satisfaire du statu quo. Nombreux sont ceux qui jugent la loi du 2 février 2016 trop timide. D’autres estiment qu’elle va beaucoup trop loin. Pour ma part, je considère que le travail de compromis et de rassemblement réalisé par les députés Jean Léonetti et Alain Claeys, auteurs de la proposition qui a donné naissance à ce texte, a permis d’aboutir à de vrais progrès pour les droits des patients et le respect de leur volonté, que nous aurions eu mauvais jeu de balayer d’un revers de main.

Celui-ci vient en effet utilement compléter un cadre légal que j’estimais très insuffisant. Depuis la loi de 2005, qui constituait déjà une avancée, la fin de vie n’était régie que « par défaut », sur le fondement de l’interdiction de l’acharnement thérapeutique et l’acceptation que les soins palliatifs, administrés à certaines doses, puissent avoir pour effet secondaire d’abréger la vie du patient. La faiblesse de ces dispositions résidait dans l’interprétation diverse qui pouvait en être faite par les autorités médicales et qui ne garantissait pas une application cohérente partout.

Désormais, le droit à la sédation profonde et continu, à la demande d’un patient en phase terminale, est pleinement reconnu. Les directives anticipées -document dans lequel chaque personne peut faire connaitre son souhait sur sa fin de vie- auront véritablement force d’autorité, dans le cas où l’intéressé ne serait plus en capacité d’exprimer sa volonté. Le rôle de la personne de confiance, présumée connaitre les dernières volontés d’une personne dans l’incapacité de les exprimer, est également renforcé. Enfin, l’accès aux soins palliatifs est mieux garanti, au moyen notamment de l’extension des formations et des campagnes de sensibilité à destination des médecins.

Par conviction personnelle, j’aurais souhaité, chacun l'aura compris, que la législation puisse aller plus loin, d’autant qu’elle demeure à mes yeux insuffisante pour répondre à certaines situations, notamment lorsque la question de l’aide active à la fin de vie se pose de manière légitime.

Je me réjouis toutefois que sur un sujet qui, touchant tout autant à l’éthique qu’à l’humain, était de nature à déchainer des passions qui auraient pu bloquer toute évolution, nous soyons parvenus à trouver un large consensus au sein de la Représentation nationale.

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