mercredi 13 mai 2015

Rétablir quelques vérités sur la réforme du collège





Depuis quelques jours, la réforme du collège occupe l’actualité et fait l’objet de nombreuses attaques. Face à une vaste entreprise de caricature et de désinformation, je veux tenter de dénouer ici, le vrai du faux.

Ressituons tout d’abord le contexte. En réponse à l’affaiblissement de l’école de la République, résultat des choix la droite durant les deux précédents quinquennats, nous avons fait de son redressement la première priorité de la législature.


Plus de 35 000 postes ont été recréés dans l’Education nationale et l’engagement de 60 000 postes nouveaux d’ici à 2017 sera tenu. Le gouvernement a réformé les rythmes scolaires pour favoriser un meilleur apprentissage des savoirs fondamentaux le matin et l’épanouissement des enfants, lorsque les communes jouent le jeu. Nous avons rétabli la formation des enseignants, supprimée sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
En application de la loi de refondation de l’école de la République du 9 juillet 2013, le gouvernement engage désormais la réforme du collège, afin d’œuvrer au recul de l’échec scolaire.

Quarante ans après son instauration, tout le monde s’accorde à reconnaître que le collège unique est devenu le maillon faible de notre système éducatif et qu’il a échoué à créer les conditions de l’égalité des chances. Dans les comparaisons internationales, la France apparaît comme le pays le plus injuste, celui où l’origine sociale des élèves a le plus d’influence sur leur destin scolaire.


Parmi les critiques les plus entendues, qui se concentrent d’ailleurs sur des aspects marginaux du projet, beaucoup prétendent que la réforme du collège supprimerait l’enseignement du latin. Pourtant, dans le collège de demain, les élèves qui le désirent pourront continuer d’apprendre le latin à partir de la cinquième, dans le cadre d’un enseignement interdisciplinaire spécifique, avec le même nombre d’heures qu’aujourd’hui.


Il est aussi affirmé que la réforme ferait disparaître l’apprentissage de l’Allemand. Pourquoi donc alors le ministère de l’Education nationale doublerait-il le nombre de postes mis au concours pour recruter des professeurs d’allemand ?!  Une « carte des langues vivantes » sera mise en place dès la rentrée 2016, afin d’assurer la pérennité de l’enseignement de l’allemand dans toutes les académies.


Il est aussi prétendu que la suppression des classes « bilangues » nivellera le niveau de nos enfants vers le bas. Le constat est pourtant net : la France n’est pas le pays le plus en pointe en matière d’apprentissage des langues étrangères. En généralisant l’enseignement pour tous d’une première langue dès le CP et d’une seconde dès la cinquième (aujourd’hui, c’est seulement à partir de la quatrième), le gouvernement fait le choix d’engager le comblement de ce retard très français.


Enfin, certains pensant tirer avantage politique d’une confusion, en mélangent allègrement la réforme du collège, qui est sur la table et les projets de nouveaux programmes, qui sont encore loin d’être aboutis. Il convient donc de rappeler que l’instance indépendante que constitue le Conseil des programmes vient seulement de conclure ses travaux. Durant un mois, les enseignants qui sont les premiers acteurs de la transmission des savoirs,  vont être consultés. C’est seulement au terme de ce processus que des propositions seront formulées. Il sera alors temps de les apprécier, en toute objectivité.


Au-delà de ces éléments factuels, qu’il convenait de rappeler, le débat qui anime aujourd’hui notre société sur ce sujet me semble, en fait, confronter deux conceptions du collège : celle de ceux qui cherchent à retrouver l’ambition du collège unique et de la démocratisation de la réussite ; et celle de ceux qui se satisfont que le collège reste unique, à condition qu’il permette à certains de s’en sortir, sans que soit recherchée la réussite de tous.


Parce que je souhaite que les meilleurs élèves soient encore davantage mis en situation de réussir, sans que ceux qui ont plus de difficultés ne vivent le collège comme la première étape de leur mise à l’écart, je soutiens pleinement l’action courageuse entreprise par Najat Vallaud-Belkacem.

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