mercredi 5 mars 2014

Assez !


Toujours prompte à se saisir de la moindre déclaration ou du moindre fait divers pour appuyer son discours, la droite subit ces derniers jours une actualité difficile : après les accusations de surfacturation de dépenses électorales portées par un journal à l'encontre du président de l'UMP, après la révélation par un rapport de l'Inspection générale de l'administration du bidonnage des chiffres de la délinquance durant les deux précédents quinquennats, voici aujourd'hui le buzz autour des enregistrements que le sulfureux Monsieur Buisson aurait effectués à l'insu d'un ancien président de la République...

L'élu socialiste que je suis pourrait se réjouir de voir ainsi l’œil du cyclone se déplacer. En vérité, je m'en désole.

Pour ma part, je ne considère pas que les "malheurs" de concurrents politiques procurent un quelconque avantage à leurs contradicteurs. Les repères de nos concitoyens sont tellement brouillés, la défiance que leur inspire ceux que l'actualité place un temps dans la lumière est telle (qu'il s'agisse des responsables politiques, des acteurs du monde des affaires, de la culture ou de l'information) que les Français ne prennent plus la peine de faire le tri : chaque nouvelle "affaire" est à porter au débit du "système", de plus en plus contesté.

Et pourtant, c'est précisément ce "système" -avec ses qualités et ses défauts- qui permet d'épingler ceux qui se comportent mal. C'est parce que les journalistes peuvent travailler librement, parce que les enquêteurs peuvent désormais investiguer librement et parce que les juges peuvent aujourd'hui aller au bout de leurs instructions sans entrave, que nous entendons parler de faits qui existent depuis que l'Homme est Homme, mais qu'il était impossible de rendre publics auparavant.

Les revers de cette médaille sont cependant nombreux : l'information en continu et à haute dose nuit trop souvent à la qualité de la vérité et certains, qui n'ont rien à se reprocher, se retrouvent un peu trop vite voués aux gémonies publiques. S'abritant derrière le beau principe de la liberté d'informer, des corbeaux n'hésitent en outre plus à répandre en toute connaissance de cause calomnies et fausses rumeurs, en particulier sur la toile. Et puis surtout, l'accumulation de révélations nauséabondes à la une de l'actualité, qui finit par ne se consacrer plus qu'à cela, donne un sentiment de compromission générale, quand les faits relatés ne concernent pourtant qu'une infime minorité.

Un retour au silence n'est évidemment pas souhaitable. Espérer un peu plus de retenue est sans doute illusoire. La voie est donc étroite, pour rétablir la confiance. Il me semble qu'un chemin existe néanmoins. Il exige un comportement exempt de tout reproche de la part de ceux qui exercent des responsabilités, un contrôle et de sévères sanctions pour ceux qui s'affranchissent de cette exigence d'exemplarité et des sanctions tout aussi sévères pour ceux qui se rendent coupables de dénonciations calomnieuses, ce qui n'est pas moins grave. Enfin, les acteurs du débat public gagneraient à prendre une certaine distance avec ces "faits divers", plutôt que de s'ingénier à les commenter, dans l'espoir d'en tirer un illusoire bénéfice.

Sans prétendre être parfait, ce qu'aucun être humain n'est, c'est la ligne de conduite que je m'efforce modestement de conduire, en me tenant à l'écart de la boue.

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