Après une année intense, ponctuée durant plusieurs mois par le rythme fou de la campagne nationale de l'élection présidentielle, immédiatement suivie par la campagne pour l'élection législative dans les six villes de notre circonscription, j'étais "rincé" comme on dit. Vingt jours dans le sud de la France en famille, où j'ai eu la chance de trouver le soleil, m'ont permis de me retrouver avec les miens, de reconstituer de l'énergie et la capacité de travail qui me permettront, je l'espère, de continuer à servir mes concitoyens utilement au cours des prochains mois.
Tous les responsables politiques ont droit à des vacances et le président de la République comme les autres. Toutefois, qu'il le veuille ou non, Nicolas Sarkozy n'est plus un citoyen ordinaire comme vous et moi. Il a été élu à la plus haute charge de l'Etat. Il se doit donc d'être attentif à la portée symbolique de chacun de ses actes. On le connait d'ailleurs expert en mise en scène de ses moindres mouvements.
Dans ce contexte, même si la destination est parfaitement respectable, je n'aurais sans doute pas choisi les Etats-Unis pour des premières vacances de chef de l'Etat. Un choix hexagonal ou européen aurait été, de mon point de vue, bien plus judicieux. Geste diplomatique nous dira-t-on ? Mais alors, j'observe que les conditions dans lesquelles notre président a été reçu par son homologue américain, en difficulté pour sa fin de mandat, s'apparentent plus au fameux "service minimum" tant vanté par la droite, qu'à une volonté de donner des signes de grande cordialité.
Passons. Là n'est pas le principal problème. Ne comptez pas sur moi pour me joindre aux censeurs de la villa de 2000 m2 aux 11 salles de bains, salle de cinéma et plage privée. Nicolas Sarkozy aime le luxe et ne s'en cache pas : il a, de ce point de vue, le mérite de la franchise. Je préfère cela à l'hypocrisie d'autres. Non, ce qui me pose problème, ce sont les conditions de ce séjour. S'il avait dû débourser personnellement le prix du voyage pour lui-même et sa famille, ainsi que le prix de la location (sans compter les frais de bouche, parce qu'un président, ça mange aussi), Nicolas Sarkozy y aurait laissé plus que sa rémunération annuelle de chef de l'Etat. Aucun Français ne peut "claquer" en 15 jours de vacances son salaire de l'année ! Et comme il prétend que le contribuable n'a pas été mis à contribution (accordons lui crédit), il nous explique qu'il a été invité par des amis.
Le premier séjour sur un yacht de luxe à Malte, immédiatement après son élection en mai dernier, avait déjà révélé que les amis du nouveau président de la République sont plutôt riches parmi les plus riches. Là encore, c'est n'est pas une tare et il a bien le droit de choisir ses amis comme il veut. Non, le problème n'est pas là : si M. Bolloré ou les bienfaiteurs de l'escapade américaine ont demain une demande à faire au président de la République française, n'auront-ils pas la possibilité de présenter leur dossier plus facilement qu'un autre solliciteur ? Ne prêtera-t-on pas une attention plus soutenue à leur affaire (et ces affaires là se chiffrent en général en millions voire en milliards) ? Il n'est jamais sain, lorsque l'on exerce des responsabilités importantes, d'être l'obligé de qui que ce soit. Et même si la droiture du chef de l'Etat n'a pas à être mise en cause a priori, tout ce qui risque de donner prise aux soupçons doit être de mon point de vue banni. Ce qui me pose problème ce n'est donc ni le style des vacances de Nicolas Sarkozy, ni le compte en banque de ses amis : c'est l'utilisation des dits comptes en banque pour financer les vacances en question.
A la rigueur et au risque d'être à contre courant, je serais tenté de dire que la France a les moyens de payer des vacances réparatrices de grande qualité à son président et à ses proches, sans que celui-ci n'en soit réduit à profiter des largesses de ses potes richissimes.
Dans le savoureux film d'Henri Verneuil intitulé "Le président" (1956), Jean Gabin interpète le rôle d'un chef de gouvernement, auquel un ancien camarade de classe vient demander un passe droit. Econduit, le quémandeur insiste : "mais tu peux tout !". Magistral, Gabin répond : "c'est précisément pour cela que je ne peux pas tout me permettre...". Cette réplique m'a marquée et je m'efforce de rester fidèle à l'idée, dans l'exercice des modestes fonctions qui sont les miennes. Peut-être pourrions-nous nous cotiser pour envoyer une copie du film à notre actuel président ?
Bonjour,
RépondreSupprimerC'est toujours avec un plaisir non-dissimulé que je me rends régulièrement sur ce blog. Je dois admettre Mr Popelin que vous avez une qualité rarissime à mon goût, c'est d'avoir la faculté à me faire réagir.. A tort ou à raison d'ailleurs. A ce propos, j'ai lu attentivement vos propos sur le président Sarkozy et ses fameuses vacances... Le veinard....
Pour ma part, je suis comme vous. Il est libre de partir en vacances où bon lui semble. Mais le choix d'aller au Etats-Unis ne me semble pas aussi stupide qu'on pourrait le penser. Pour un capitaliste-libéral-pro-américain-convaincu comme lui, c'est une manière d'afficher ses ambitions : "américaniser la France" lentement mais surement... et surtout marquer une fracture avec son prédécésseur.
Venons-en justement aux conditions de ce séjour... Allons à l'essentiel. Sarkozy possède une qualité (qui à mon avis l'a amener là où il est), il comprends vite et bien. En somme il est efficace.
Dans cette société de l'image, "poids de mots, choc de photo" Il a compris qu'il fallait dire ce qu'on avait envie d'entendre... son "travailler plus pour gagner plus" était autrement plus efficace que la "bravitude" dont on n'a toujours pas compris le sens...
En outre, il cultive l'image du français décompléxé par l'argent (je ne vous apprends rien en vous disant que l'argent est un sujet tabou en France). Il incarne le rêve du français moyen, il s'exprime comme le français moyen. Il se fout de ce que l'on peux penser... Il se comporte en patron, en chef, en président, quoi... Pourquoi un patron roulerait en 607 quand il demande à ses employé des économies d'échelle afin d'être rentable ? Parce qu'il est le "plus fort"...
Quant aux image, inutile de revenir sur ses photos de vacances dans un journal (L'Express pour ne pas le citer, propriétaire d'un groupe appartenant à Lagardère...tiens, tiens)où l'on a pris soin de dissimuler les bourlets de notre cher président torse nu, en jet-ski...
Alors, me direz-vous ? Et ouais... et la politique dans tout ça ?
Et le service minimum ? Et les expulsions ? Et les conditions carcérales ?
Promis, la prochaine fois, on s'attaque à la politique.... De toutes façons, les vacances sont finis...
Le soleil est de retour...
Abdelkrim, sarkophobe-convaincu.