jeudi 1 septembre 2016

En 2017, choisir entre quatre offres politiques




L’actualité de l’été et de cette rentrée consacre -à mes yeux- la caricature qu’est devenu notre débat public, rythmé par des polémiques mal maîtrisées et le commentaire prolifique d'actes individuels de papillons pris dans la lumière médiatique. 

Refusant d’apporter une quelconque contribution à cet emballement permanent qui hystérise la démocratie, je me suis prescrit une diète de plateaux de télé, de micros et de commentaires dans la presse écrite. On y survit fort bien. Travailler sur les grands ou petits dossiers de la circonscription et de ses habitants présente bien plus d’intérêt et a amplement suffi à occuper ces jours de pré-rentrée. 


On entend souvent que l’actualité spectacle est une façon d’occulter ce qui va mal. J’ajouterai, ce qui va bien aussi ! Au-delà, cette dérive -qui n’est pas récente, mais qui prend chaque année une ampleur davantage préoccupante- brouille la grille de lecture des véritables choix qu'auront bientôt à effectuer les Français pour leur avenir. 


Je voudrais donc, en cette rentrée, dire ma part de vérité sur ce que j’estime être les quatre offres politiques, claires et tranchées, parmi lesquelles le choix -conscient ou fortuit, pour de bonnes ou de mauvaises raisons- s’opérera dans maintenant huit mois.

La première offre politique est celle incarnée par les candidats à la primaire de la droite. 


L’exercice semble les pousser à la surenchère la plus démagogique, irresponsable, irréaliste. C’est à qui supprimera le plus grand nombre de fonctionnaires : "un certain nombre" pour Alain Juppé, 300 000 pour Nicolas Sarkozy, 500 000 pour François Fillon, 1 million pour Bruno Lemaire. Escalade des chiffres, silence sur les cibles. S’agira-t-il, comme durant le précédent quinquennat, des enseignants (- 80 000), des militaires (-50 000) des policiers et gendarmes (- 13 000) ? Difficile que ces métiers y échappent, si l'on veut bien considérer leur poids dans l'ensemble.

 
C’est à qui réduira le plus la dépense publique : 85, 100, 130 milliards ? Au-delà des effets récessifs désastreux pour le pays d'une telle purge en seulement cinq ans et de l’austérité (une véritable austérité pour le coup) qui frapperait alors l’immense majorité des Français, comment porter crédit à ces intentions, mises sur la table par des candidats qui ont tous participé à l’augmentation de la dite dépense publique à hauteur de 119 milliards de 2007 à 2012 ? 


La même surenchère les caractérise sur les plans politique et sociétal. Dans la lutte contre le terrorisme djihadiste, ils ont rompu le consensus qui prévalait jusqu’au massacre de Nice, le 14 juillet dernier : préserver l’union nationale dans la guerre contre le terrorisme, faire primer la raison sur l’émotion, concilier fermeté républicaine et respect de l’Etat de droit,  refuser les dérives qui ont mené les Etats-Unis de Bush au Patriot Act  et à Guantanamo. Le très injuste procès en passivité intenté au gouvernement de Manuel Valls et à son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve prépare le terrain a des projets -tel l’enfermement préventif sur simple soupçon- qui ne pourraient voir le jour qu’au prix de l’abandon des tous les principes qui ont fondé la République depuis plus de deux siècles. Les Français seront-ils prêts au retour des lettres de cachet, 227 ans après leur disparition ? Il serait bon, en tout cas, qu'ils y réfléchissent bien.

La deuxième offre politique, sans qu’il faille voir un quelconque classement dans l’ordre qui m’amène à les aborder, est celle de la gauche dite radicale ou de contestation. 


Elle sera sans doute incarnée par Jean-Luc Mélenchon, flanqué peut-être par quelques autres, puisque l’individualisme a prévalu sur l’organisation de tout processus de rassemblement, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour un camp qui use et abuse de la thématique du collectif.
 


Le tonitruant insoumis préconise désormais la sortie de tous les traités européens, celle aussi
 -pour faire bonne mesure- du nucléaire. Il avance un programme social qui aurait peut-être pu être envisageable du temps des Trente Glorieuses, lorsque la croissance économique était de l’ordre de 5 % annuels et que nous vivions en économie fermée. 


Cette gauche tournée vers le passé est une promesse d’illusion, comme l’a démontré en Grèce le virage à 180 degrés qu'a été amené à opérer Alexis Tsipras, confronté à la réalité de l’exercice du pouvoir. Mais à la différence de la Grèce, la conquête du pouvoir est en France hors de sa portée. Son seul objectif est de dépasser le candidat social-démocrate. Une telle stratégie, conduite avec un acharnement mortifère,
 ne sert en fait que les desseins de la droite et le l’extrême droite. Elle flatte la tendance naturelle à dénigrer les sortants, l’inclinaison historique à se dire toujours déçu de la gauche au pouvoir, dont on instruit chaque fois et en permanence le procès en trahison. Elle parie sur la mémoire courte, l’oubli de la leçon du 21 avril 2002. 


L’extrême droite, nationaliste, autoritaire et xénophobe, constitue la troisième offre politique pour 2017. 


Elle n’a pas besoin de parler beaucoup. Le comportement des autres lui suffit. Le tumulte non maîtrisé du débat public, l’absence de hauteur, les petits coups bas, tout comme la posture bien-pensante des élites qui se contentent de répéter que voter Le Pen c’est mal, font -de moins en moins lentement- son jeu.
 


Le cardinal de Retz a écrit dans ses mémoires qu’on ne sortait de l’ambiguïté qu’à son détriment. Marine Le Pen reste donc tranquillement installée sur le créneau traditionnel des mouvements populistes qui ont balafré l’histoire de l’Europe depuis un siècle, lorsqu’ils réussirent à duper les électeurs : nous n’avons jamais exercé le pouvoir, que risquez-vous à nous essayer ? Tout simplement la mise en œuvre d'un projet politique dont l’application -même partielle- plongerait la France dans un chaos profond !
 


Peu ont fait l’effort d’aller regarder ce qu’envisage le Front national si par malheur
 il accédait au pouvoir par inadvertance. Moi oui. Il s’agit d’une sorte de catalogue fou, qui promet tout et son contraire.

Parmi les propositions les plus divertissantes : l’augmentation de 200 euros nets de tous les salaires jusqu’à 1 500 euros. Coût estimé (pas par Marine Le Pen, qui ne s’embarrasse pas de questions aussi vulgaires) : 20 milliards pour le secteur public et 65 milliards pour les entreprises. Les grandes banques ? Nationalisées à 50 %. Compter 65 autres milliards pour les seuls BNP, Société générale et Crédit agricole. 


Comment financer tout cela ? Les « grosses entreprises » devraient affecter 15 % de leurs bénéfices à un « fonds de réindustrialisation ». Les voilà donc avec un taux d’imposition à plus de 50 %. Mais rien de grave, puisqu’une grande loi « Achetons français » obligera l’Etat et les administrations à se fournir auprès de ces entreprises surtaxées.
 


Quant à l’abandon de l’euro, il générerait mécaniquement une augmentation de notre dette de 500 milliards, pour commencer. Qu’importe, la banque de France imprimerait chaque mois autant de francs qu’il faudrait pour boucher les trous ! Jusqu’à la banqueroute totale.


Passons sur le recrutement obligatoire de « fonctionnaires patriotes » qui rappelle furieusement le serment d’allégeance qui devait être prêté au maréchal Pétain. A chaque fois que l’extrême droite a accédé au pouvoir démocratiquement, tout à toujours commencé très gentiment, pour se finir très très mal !
 


La quatrième offre, c’est celle de la gauche de gouvernement, actuellement en charge des affaires de notre pays.
 


Incarnée par le président de la République François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et tous ceux qui sont ou n'ont pas oublié qu'ils ont été membres ou soutien de gouvernements depuis 2012, elle n'est pas qu'un bloc. Comme les autres options ! Elle n’a pas toutes les vertus. Le prétendre serait idiot. Dieu sait qu’elle m’agace parfois; Mais qui n'agace jamais, moi le premier ? 

Son bilan a été si décrié, avant même qu’il soit raisonnable d’en faire un -dès le 16 mai 2012 !- que certains pourraient se demander comment je puis oser prétendre encore le défendre. Eh bien j’ai pour ma part la conviction qu’il sera réévalué, à la lumière du débat s’il vient enfin et de ses derniers résultats. J’espère que cette justice sera rendue avant, plutôt qu’après les élections de 2017. Je m'efforcerai d'y prendre toute ma part.

Son programme sera celui de la social-démocratie. Poursuivre ce qui a été entrepris et qui a besoin de durée pour porter pleinement ses fruits. Continuer de réindustrialiser la France pour préserver son modèle social et sa civilisation, son rang de puissance d’influence dans le monde, tant il est vrai que sans une base économique solide, la capacité de projection militaire ne suffit pas. Protéger les Français et les Européens contre le terrorisme djihadiste dans le respect de nos valeurs et de l’Etat de droit. Réformer et réorienter l’Europe. Réussir la transition écologique et numérique. Relancer le dialogue et la négociation avec les partenaires sociaux, malgré la régression récente, car il n’y a pas d’autre méthode de modernisation démocratique de nos sociétés. Faire vivre le compromis d’adaptation progressiste à la mondialisation et à la troisième révolution industrielle, celle des bio-technologies, des nano-technologies, du numérique de nouvelle génération, de l'intelligence artificielle…
 


Ce pacte social d’un type nouveau diffère des compromis sociaux-démocrates offensifs ou défensifs du siècle dernier, en ce que son objet va au-delà d’une plus juste répartition de la richesse produite et de l’amélioration des conditions de travail et de vie des salariés. Son enjeu principal est l’instauration d’un nouveau mode de production, de consommation, d’existence. L’intérêt bien compris de la classe ouvrière et des classes moyennes salariées, en France et en Europe, c’est de réussir cette mutation économique, sociale et sociétale. Et pour cela, d’accepter de s’en faire les artisans. 


Voilà les quatre offres politiques qui sont sur la table.
 En y regardant de bien près, je n'en vois aucune autre. C'est donc de ces quatre options dont j’aimerais que l’on parle. Elles méritent d’être confrontées, soupesées, critiquées, enrichies, durant les mois qui nous séparent de choix qui engageront notre pays pour cinq années. Le reste n’est que de l’enfumage.

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