jeudi 22 septembre 2016

L'extrême droite n'incarne ni le renouveau, ni l'exemplarité





J’entends souvent certains de mes concitoyens me dire : « Le Front national, on ne l’a jamais essayé, alors pourquoi pas ! ». Le motif me semble un peu court. Et l’argument pas tout à fait exact.

Le motif est court car, dans mon esprit, l’expression démocratique -si imparfait qu’en soit le système- devrait conduire chaque électeur à prendre en compte, avant tout, le projet politique de ceux auxquels il accorde son suffrage.

Un projet politique, ce n’est pas le catalogue de propositions plus ou moins nombreuses et détaillées, qui constitue une des figures imposées d’une campagne électorale. Ce n’est pas non plus un lot de promesses dont l’absence de crédibilité n’a d’égale que leur démagogie. Un projet politique, c’est d’abord l’indication d’une direction vers laquelle on veut conduire son pays.

Voter, c’est pour moi le fruit d’une réflexion, pas l’expression d’une impulsion. Après en avoir esquissé quelques aspects sur ce blog, le 1er septembre dernier (http://pascalpopelin.blogspot.fr/2016/09/qautre-offres-politiques-pour-2017.html), je reviendrai sur ce que pourrait donner le « projet politique » de l’extrême droite, dans les prochains mois.

Voter, c’est aussi accorder sa confiance à des femmes et des hommes qui auront la mission de représenter leurs concitoyens durant plusieurs années. Là encore, il me semble que chacun se devrait d’être exigeant.

De ce point de vue, le Front national ne peut se revendiquer d’aucune forme de virginité. Il est installé dans le paysage politique et institutionnel depuis plusieurs décennies. Il dispose d’élus, dont il est possible de juger l’engagement, le travail, le comportement.

En mars 2014, l’extrême droite a fait une percés inédite à l’occasion des élections municipales et obtenu un nombre conséquent de conseillers municipaux, ce mandat de proximité par excellence. Un peu plus de deux ans plus tard, 28 % de ces élus sous l’étiquette FN ont démissionné. Certains ont été remplacés par leurs suivants de liste. 13 % ont préféré siéger désormais à titre individuel ou pour le compte d’autres formations. Le record de l’absurdité et de l’irrespect des électeurs est observé dans une petite ville méditerranéenne où le seul siège obtenu par les disciples de la famille Le Pen est à ce jour occupé… par le 15e de la liste présentée en mars 2014 ! Les 14 autres candidats qui le précédaient ont démissionné ou refuser de siéger. Un peu comme Nigel Farage, qui après avoir poussé les Britanniques à jouer les apprenti-sorciers en choisissant le Brexit, s’est empressé de fuir toute responsabilité et de déserter. « Ca ne les intéressait pas. On a fait une liste, ils veulent bien se mettre dessus, mais siéger… ils n’avaient pas envie » raconte à l’AFP le dernier rescapé de l’aventure, dont la motivation ne rassure pas : « On m’a dit, vas-y, on verra bien. J’ai répondu OK, on verra bien » !

La désertion est moins massive pour les conseillers départementaux. Toutefois, sur 62 élus lepenistes en mars 2015, 10 % manquent déjà à l’appel. 3 ont quitté le FN, 1 a démissionné, 2 n’ont pas été réélus lors de partielles.

Si l’on ajoute à tout cela la farce et le fiasco qu’ont constitué l’élection en 1995 de municipalités d’extrême droite à Toulon et Vitrolles, la fraude organisée aux remboursements abusifs de dépenses de campagne surévaluées des candidats aux élections législatives de 2012, le détournement à des fins partisanes des fonds publics destinés à rémunérer les collaborateurs des parlementaires européens, personne ne devrait considérer que le FN peut, d’une manière ou d’une autre, incarner le renouveau, pas davantage l’exemplarité. Il présente au contraire le visage d’un passé politique, que j’aspire pour ma part à voir définitivement révolu.

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