La droite a beau se parer de vertu et prétendre ses capacités à gérer les finances publiques, le constat est historiquement imparable : les périodes d'explosion de la dette de l'Etat correspondent depuis 20 ans à ses passages au gouvernement (de 1993 à 1995 avec Edouard Balladur et un certain Nicolas Sarkozy au ministère du Budget, de 2003 à 2005 avec Jean-Pierre Raffarin et le passage d'un certain Sarkozy Nicolas au ministère de l'Economie et des Finances et, bien sûr, depuis l'élection de l'encore Nicolas Sarkozy à la présidence de la République).
Avec la crise du système financier ultralibéral (tant cité en modèle en son temps par le toujours Nicolas Sarkozy), on atteint désormais des records effrayants : fin 2010, la dette publique représentera au moins 80% du produit intérieur brut (PIB), contre déjà l'himalayien 64% d'avant... Nous devrons donc supporter une charge commune de 300 milliards d'euros, produisant 10 milliards d'intérêts annuels.
Une question se pose donc : qui va payer l'addition de ces excès ? Ceux qui en ont le plus profité depuis des années ou ceux qui les subissent depuis au moins aussi longtemps ?
Certains estiment que le retour de la croissance, agrémenté d'un peu d'inflation réglera le problème. Ils se trompent d'autant plus qu'ils fondent leurs espoirs de retour de croissance sur la baisse des impôts des plus riches. Cette solution, habituellement utilisée par la droite, n'a jamais marché. Même avant la crise financière d'octobre 2008, le "paquet fiscal" -si cher à Nicolas Sarkozy et si coûteux pour les finances de l'Etat- n'avait produit aucun des effets pourtant annoncés de façon péremptoire lors de son vote en juillet 2007.
D'autres, toujours à droite, estiment que la dette est à tout le monde. Tout le monde doit donc payer ! Ils suggèrent en conséquence d'augmenter la CSG, la CRDS ou encore la TVA (sauf pour les restaurateurs...), comme si tout le monde -chômeur, retraité, ouvrier, employé, cadre supérieur, spéculateur financier, très gros patrimoines- subissait la crise avec la même intensité. C'est la méthode qu'employa Alain Juppé en 1995, avec la réussite que l'on sait.
Pour ma part, je considère, comme d'autres socialistes, qu'il n'y a pas d'échappatoire : l'effort devra d'abord être soutenu par les plus aisés et -parmi eux- par les plus riches. Même certains députés de droite semblent en être convaincus, qui ont prôné l'abolition du bouclier fiscal, avant de se faire renvoyer dans leurs cordes sans ménagement par le président de la République en personne (ce qui n'est pas étonnant, puisqu'il fait tout lui-même !).
Plutôt que de supprimer son paquet fiscal, pourtant qualifié au-delà du périmètre de la gauche "d'erreur fondatrice de son quinquennat", Nicolas Sarkozy vient de lancer devant le Congrès qu'il a convoqué à Versailles (sans doute en souvenir des Etats généraux de 1789), l'idée d'un grand emprunt "populaire". Comme l'UMP, cet emprunt là n'aura de populaire que le nom. C'est surtout le moyen de permettre à ceux qui disposent de l'épargne nécessaire pour y souscrire de faire un placement garanti et très rémunérateur, aux frais de tous les contribuables. Il y a là la résurgence d'une pratique archaïque de la droite, ressortie du chapeau lors de chaque période mouvementée à laquelle elle doit faire face, d'Antoine Pinay à Valéry Giscard d'Estaing... A chaque fois, l'addition s'est révélée par la suite particulièrement salée.
A ce coup de com', irresponsable pour nos comptes publics, j'aurais décidemment préféré :
- la suppression immédiate du paquet fiscal et en particulier de sa mesure emblématique la plus injuste qu'est le bouclier fiscal,
- une prise de participation dans le capital des banques et des entreprises aidées par l'Etat pour éviter qu'elles ne mettent la clé sous la porte,
- le recours à l'Agence France trésor (créée par Laurent Fabius en 2000) pour améliorer l'efficacité de la gestion de notre dette et réduire son coût pour les Françaises et les Français (après tout, ce que nous faisons depuis près de 15 ans à Livry-Gargan, le gouvernement ne pourrait-il pas le faire à l'échèle du pays ?).
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