mercredi 18 janvier 2012

Calme garder et raison conserver !


Une campagne électorale est toujours une confrontation d'idées et de personnes, avec tous les débordements que cela peut engendrer. Ainsi va la nature humaine et de débat, qui gagne parfois à être franc et vif. Il est toutefois des limites qui me semblent ne pas devoir être dépassées.

Celles qui, par exemple, se fondent sur une stratégie d'abaissement du débat politique, avec une polémique et plusieurs dérapages organisés par jour. Celles qui - par l’image pitoyable qu’elles renvoient de la vie publique - font le jeu du Front national.

Force est de constater, pour le déplorer, que ces limites ont très largement été dépassées, ces derniers jours, par les plus fidèles lieutenants de l’actuel président de la République. Ne pouvant faire campagne ni sur son bilan, ni sur son projet, le candidat sortant, qui ne l'est pas encore tout en l'étant déjà, semble avoir choisi pour méthode le dénigrement caricatural.

Passons sur les attaques aussi outrancières que grotesques de Madame Morano, qui n'est pas un personnage essentiel de notre République. En revanche, lorsque les débordements proviennent de fidèles qui occupent de hautes responsabilités au sein de l’Etat, ce qui normalement devrait les conduire à une certaine forme de réserve, je trouve cela tout aussi choquant que dangereux pour la démocratie.

Ainsi en est-il des propos tenus par le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, qui a osé affirmer que le pays risquerait des ravages comparables à ceux causés par une guerre, en cas de victoire de François Hollande à l’élection présidentielle ! Sait-il vraiment ce que sont les causes d'une guerre pour un pays et sa population ?

Le ministre de la Défense Gérard Longuet n'a rien à lui envier en matière de mauvais goût, lorsqu'il compare François Hollande au capitaine du Costa Concordia. Les familles des victimes de ce drame apprécieront.

Quant au ministre de l'Education nationale, il a commencé par affubler le candidat de la gauche du sobriquet de Babar, ce qui atteste au moins qu'il fréquente les cours de récréation. Il a poursuivi son oeuvre hier, en imputant à la 5e semaine de congés payés instaurée par François Mitterrand en 1981, la responsabilité du niveau du déficit budgétaire du pays, doublé par Nicolas Sarkozy depuis 2007 ! Ce qui donne à penser qu'il a été moins assidu dans les cours... d'histoire et d'économie.

Et tout ceci sous le regard amusé, pour ne pas dire goguenard, du secrétaire général Jean-François Copé, qui ose se féliciter qu'aujourd'hui, avec l'UMP, ce soit "massacre à la tronçonneuse" tous les jours.

On a envie de crier "halte au feu" à ces adeptes des métaphores guerrières. Les graves difficultés que traversent notre pays et les Français, devraient imposer à l’ensemble des responsables politiques une posture plus humble.

Je forme donc le voeu que la campagne prenne très vite une tournure plus digne, pour devenir le grand moment de la confrontation démocratique dont notre pays a besoin. Faute de quoi, un nouveau 21 avril (cette fois-ci le 22) pourrait bien être la réponse des électrices et des électeurs, à cette campagne de caniveau. Et qu'il s'agisse d'un 21 avril à l'envers ou dans le même sens qu'en 2002, cette perspective ne saurait réjouir le démocrate que je suis.

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