vendredi 13 décembre 2013

Travailleurs européens détachés : une victoire de la France


Cette semaine, la France a remporté le combat dont elle avait pris la tête il y a plusieurs mois au sein de l’Union européenne, pour permettre le renforcement des moyens de contrôle et d’encadrement de la pratique dite du « détachement de salariés », autorisée par une directive datant de 1996.  Grâce à la détermination et à la fermeté dont a fait preuve notre gouvernement, un compromis satisfaisant a pu en effet être trouvé lundi dernier à Bruxelles, pour faire reculer les situations de dumping social générées un peu partout en Europe par ce dispositif.

De quoi s’agit-il exactement ? La directive de 1996 est l’une des déclinaisons du principe de libre circulation des hommes et des marchandises, qui constitue l’un des fondements de la construction européenne. Elle permet aux entreprises d’envoyer provisoirement leurs salariés exercer une mission dans un autre Etat de l’Union que celui où ils sont employés habituellement, à la condition que ceux-ci disposent des niveaux de rémunérations et des droits salariaux en vigueur dans le pays qui les accueille. Les charges sociales en revanche sont acquittées dans l’Etat d’origine.


Ce mécanisme, ainsi que l’insuffisance des règles qui l’encadrait, a donné lieu ces dernières années à beaucoup trop d’effets pervers. Le coût de la main d’œuvre et les conditions salariales ont trop souvent et systématiquement été nivelés par le bas. Les salariés issus d’Etats offrant la protection sociale la plus solide ont subi la concurrence féroce de travailleurs venus de pays où celle-ci est moindre. Certaines entreprises peu scrupuleuses n’ont pas aligné les salaires de leurs travailleurs détachés sur ceux de leurs collègues, comme la réglementation les y obligeait pourtant.


A l’occasion des élections de 2012, le président de la République avait pris l’engagement devant les Français d’œuvrer activement et concrètement en faveur d’une réorientation rapide de l’Europe, afin que l’Union soit porteuse d’une véritable ambition sociale qui protège et qui émancipe. En parvenant à rallier une majorité d’Etats membres à sa position sur l’encadrement de la pratique des travailleurs détachés, contre l’avis et l’opposition forcenée des tenants de la doctrine ultra-libérale -Grande-Bretagne en tête- le gouvernement obtient une victoire supplémentaire dans ce difficile et long combat.

C
e nouveau progrès atteste que les choses peuvent bouger en Europe, quand volonté politique et détermination sont au rendez-vous. 

lundi 9 décembre 2013

La stratégie attrape gogo du FN




A l’initiative de Marine Le Pen, le Front national (FN) s’est engagé dans une stratégie de « dédiabolisation ». Le discours officiel a été édulcoré et le programme a été remanié, notamment sur le plan économique. Une nouvelle génération de dirigeants, en apparence plus « fréquentables » est arrivée aux responsabilités. Ce ravalement de façade semble avoir porté ses fruits. Le Front national s’est banalisé  et un nombre de plus en plus important de nos concitoyens s’avouent tentés par cette offre politique parée d’une nouvelle respectabilité.

Dans ce contexte, serait-il vraiment grave que ce parti continue sa progression et se retrouve éventuellement en situation de gérer des collectivités territoriales et pourquoi pas, demain, le pays ? Pour ma part, j’en suis intimement convaincu.


D’abord, parce que sous le mince vernis de la respectabilité, le socle idéologique du FN n’a pas varié d’un pouce. Sur le fond, il soutient toujours la même doctrine. Ce qui a changé, c’est l’ambition du pouvoir. Alors que Jean-Marie Le Pen se satisfaisait d’un rôle à la marge de la vie publique, mais ne souhaitait absolument pas gouverner, le FN version Marine Le Pen veut accéder aux responsabilités. Et pour parvenir à ses fins, il n’hésite pas à avancer masqué, à dissimuler sciemment sa face sombre et à tromper les citoyens pour engranger soutiens et suffrages.


Ensuite, parce que le projet du FN mènerait la France droit à la ruine. Prospérant sur la précarité et la violence sociale que subissent depuis plusieurs décennies un nombre croissant de Français, il prétend être le seul à porter des solutions tangibles de sortie de crise et à vouloir faire reculer la perspective et la crainte du déclassement. Mais que propose le FN ? Les « solutions » qu’il égrène ne sont qu’une accumulation de principes et de raccourcis aussi simplistes qu’irréalistes, énoncés avec un ton si péremptoire qu’ils peuvent néanmoins apparaître crédibles, si l’on n’y regarde pas de trop près. Il n’en demeure pas moins que tous ceux qui se sont penchés sérieusement sur les déclinaisons de ce « programme » et sur les conséquences qui découleraient de sa mise en œuvre sont unanimes : les mesures défendues par le FN, en particulier en matière économique sont délirantes et auraient un impact désastreux et irréparable. Et d’ailleurs, c’est le point de faiblesse que Marine Le Pen s’efforce d’éviter à tout prix, lors de chacune de ses prestations médiatiques, en particulier lorsqu’elle est confrontée à des contradicteurs.


Ajoutons que les expériences de gestion locale du FN à la fin des années 1990 (Toulon, Vitrolles, Marignane) se sont toutes soldées par des catastrophes pour les villes concernées. Quant aux équipes proposées aujourd’hui, lorsqu’elles sont connues des électrices et des électeurs -ce qui est très rare- qui peut estimer en conscience qu’elles sont prêtes à se confronter demain à la difficile gestion des affaires publiques de nos communes ?


Enfin, parce que l’histoire est une de mes passions, je n’oublie jamais qu’à chaque fois et partout où l’extrême droite est parvenue démocratiquement ou pas au pouvoir, cela s’est toujours très mal terminé.


Alors n’ayons pas la mémoire courte et considérons cette « offre politique » avec lucidité.