mercredi 29 février 2012

Faisons en sorte qu'on parle de nous !

A Saint-Germain-des-Prés, les bons esprits bobos, certains grands esprits de gauche, tout comme les responsables de droite les appellent "quartiers sensibles", "cités" ou "banlieues populaires", parfois avec intérêt, souvent avec crainte, toujours avec distance.

Pour moi, il s'agit simplement de nos villes, qui accumulent de nombreuses difficultés : taux de chômage record, grande précarité, désertion des services publics des commerces et de tout ce qui contribue au lien social.

Elles sont victimes d'un urbanisme dépassé, incarné par des grands ensembles aujourd'hui dégradés, hérités de la complicité qui a longtemps lié le pouvoir central de droite (qui voulait vider les centre-ville de ses habitants modestes) et les élus locaux des banlieues rouges (qui croyaient trouver là un réservoir pour garantir leur survie électorale).

Elles pâtissent aussi d’une image désastreuse de zone de non-droit véhiculée par les médias qui surexploitent le moindre fait divers et entretenue par des responsables politiques qui ont toujours trouvé intérêt à n’en présenter que le pire, pour justifier un discours ultra-sécuritaire et empocher les suffrages de l’électorat riverain, lui aussi modeste et populaire.


Le grand moment de débat national que sont les élections présidentielle puis législatives doit être l'occasion d'aborder l'avenir de ces territoires qui nous concernent tous, que nous vivions en leur coeur ou à leur immédiate proximité. Non pour annoncer un "plan" de plus, non pour proposer quelques mesures gadget destinées à se donner bonne conscience, mais pour faire en sorte que toutes les politiques de l'Etat prennent en compte nos villes.

Voilà pourquoi j'approuve l’opération symbolique entreprise la semaine dernière par le collectif AC Le Feu, qui a vu le jour à Clichy-sous-Bois, à la suite de la révolte de l’automne 2005. Ses membres ont investi le rez-de-chaussée d’un hôtel particulier à Paris, pour y installer un « ministère de la crise des banlieues » et appeler l’ensemble des candidats à la présidentielle à venir débattre des 12 propositions qu’ils estiment nécessaires pour améliorer la situation. Cette initiative contribué à remettre le sujet au cœur du débat politique ce qui est une bonne chose;

François Hollande a été le premier et le seul parmi les principaux candidats à l'élection présidentielle à répondre cet appel. L’occasion de rappeler certaines des propositions inscrites dans son programme, qui ont précisément vocation à répondre aux enjeux. La priorité qu’il compte accorder aux politiques éducatives, ses orientations en matière de renforcement de l’offre de logement en sont des exemples. Sur la question de la sécurité, le candidat socialiste a aussi toujours été clair sur ses intentions. S’il est élu, il sera intransigeant avec les individus qui mettent à mal des quartiers entiers, dont les habitants n’aspirent qu’à plus de quiétude. Faut-il d’ailleurs le rappeler, si la droite au pouvoir a toujours tenu un discours sécuritaire, accusant les élus de gauche de verser dans le laxisme, c’est bien elle qui a réduit massivement les effectifs de police ces cinq dernières années, y compris sur les territoires les plus sensibles, comme en Seine-Saint-Denis ?

mercredi 22 février 2012

Le candidat nouveau est arrivé !



En retard dans les sondages, la stratégie de communication de Nicolas Sarkozy pour tenter de reconquérir des voix est limpide : nier les échecs de sa politique et revoir sa posture, en essayant de ratisser au plus large.

Nier les échecs, c'est revendiquer un bilan positif, parler de simples "erreurs" pour qualifier les éléments les plus négatifs qui ressortent du quinquennat qui s’achève. Par erreurs, le candidat de l'UMP voulait sans doute admettre le caractère injuste, coûteux et inefficace de la politique fiscale qu’il a menée au bénéfice des plus fortunés. La loi Tepa, emblématique du début du mandat présidentiel, a d'ailleurs été progressivement détricotée au cours des deux dernières années, en raison de son inefficacité et de la perte de recettes insupportable qu’elle induisait pour l’Etat. Par erreurs, il souhaitait peut-être parler de son échec s'agissant du pouvoir d’achat des Français, dont il avait promis l'augmentation au moyen du fameux "travailler plus pour gagner plus", devenu au cours de ces dernières années travailler plus (ou ne plus pouvoir travailler du tout) pour gagner moins ! Et ce n'est pas la perspective d'augmentation de la TVA, en cas de réélection, qui arrrangera les choses. Nous avons enfin appris ce soir que parmi les erreurs reconnues par le candidat sortant, figurait aussi la soirée du Fouquet's et les vacances sur le luxueux yatch de M. Bolloré. Si les erreurs sont humaines, lorsqu’en politique elles constituent l’essentiel d’un bilan, j’ai personnellement tendance à penser qu’elles relèvent plutôt de l’échec.

Son style a déplu mais le président sortant l’affirme, il a changé. Passons sur le fait qu'il nous l'avait déjà dit en 2007, pour essayer de comprendre en quoi il aurait donc changé de nouveau. Alors qu’en début de mandat, il se réjouissait d’être parvenu à verrouiller la parole du peuple (prétendant par exemple que « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit »), il voudrait aujourd’hui faire croire qu'il lui accordera une place centrale dans la conduite des grandes réformes structurelles du pays, en usant et abusant de référendums, dont le principe n'avait guère jusque là semblé l'inspirer. Alors qu’il revendiquait sans complexe son goût pour le luxe, en l’affichant de manière outrancière aux côtés de ses très riches amis, il ferait demain vœu de simplicité et de sobriété, fustigeant même la lourdeur du protocole que lui imposerait sa fonction. Alors qu'il n'a eu de cesse d'augmenter les avantages fiscaux des plus riches parmi les plus riches, il se prétend désormais prêt à faire voter cette taxe sur les transactions financières qu'il moquait il y a encore peu de temps. Depuis ce soir, il promet aussi d'interdire les retraites chapeau des dirigeants du CAC 40 ! D'ici à ce qu'il nous ressorte son dictionnaire des citations de Jean Jaurès et de Léon Blum, comme il n'hésita pas à le faire lors de la précédente campagne, il n'y a pas loin. Le tout contrebalancé, pour faire bon poids et ratisser bien large, par des propositions très marquées à la droite de la droite, dans l'interview fleuve donnée en bonne logique au Figaro magazine, quelques jours avant de mettre fin à l'insoutenable suspense de sa candidature.

Une première question me vient donc à l'esprit : mais pourquoi met-il tout cela sur la table à moins de trois mois de la fin d'un quinquennat durant lequel il a fait tout bonnement le contraire ? Ma seconde question, qui découle de la première, est : comment accorder du crédit à ces nouvelles promesses, tout aussi inédites que contradictoires ?



mercredi 15 février 2012

L'éducation au coeur de notre projet pour la France




Investir dans le système éducatif, c’est donner l’opportunité aux jeunes générations de vivre mieux que les précédentes, c’est leur donner de l’espoir et des perspectives à l’heure où l’avenir n’a jamais été autant source d’inquiétudes. C’est enfin donner à chaque enfant les mêmes chances de réussite dès le plus jeune âge et ainsi renouer avec le pacte républicain. Cette ambition est pour moi constitutive d’un projet politique de gauche.

Voilà pourquoi François Hollande a décidé de faire de l’éducation et de la jeunesse la grande priorité du prochain quinquennat, s’il est élu président de la République. Il avait clairement affiché cette volonté au Bourget lors de son grand meeting inaugural de campagne. Il l’a confirmée jeudi 9 février dernier dans un déplacement au cours duquel je l’ai accompagné à Orléans. Après un hommage à Jean Zay, ministre de l’Education nationale du Front populaire assassiné ensuite par les nazis, François Hollande a décliné les mesures qu’il propose pour une réforme globale du système éducatif.

Sur le fond, trois grands axes constitueront le socle de cette grande réforme : l’évolution des rythmes scolaires qui seront allongés sur l’année pour diminuer les surcharges journalières ; la réhabilitation de la formation initiale et continue des professeurs pour garantir la qualité de l’enseignement et permettre aux professionnels d’exercer dans des conditions plus sereines ; le renforcement de la sécurité dans les établissements.

S’agissant des moyens mobilisés pour l’occasion, 60 000 postes d’enseignants, de psychologues et de médecins scolaires seront créés en cinq ans, avec des affectations prioritaires dans les établissements les plus en difficultés et dans les écoles primaires, globalement sous dotées, alors que beaucoup s’y joue.

Pour ce qui est enfin de la méthode et du calendrier, la mise en œuvre de ces mesures interviendra au terme d’une large concertation avec les organisations syndicales et les associations de parents d’élèves, avec de premières concrétisations dès la rentrée de septembre 2012.

Au cours de ces cinq dernières années, la droite s’est appliquée à « soigner » les plus riches en menant des réformes fiscales à leur avantage, générant ainsi une baisse massive des recettes de l’Etat. Elle procédait dans le même temps à une réduction drastique des moyens et des postes dans l’Education nationale, qui a sans conteste contribué à exacerber les lacunes de notre système éducatif. Nous voulons lui redonner sens et ambition, pour la réussite de notre pays et de sa jeunesse.

Pour prendre connaissance de l'intégralité du discours de François Hollande :
http://francoishollande.fr/actualites/discours-de-francois-hollande-sur-l-ecole-et-la-nation-a-orleans/

dimanche 5 février 2012

Des critiques creuses, pour masquer une grande fébrilité




Durant des mois, les snipers de l’UMP nous l’ont seriné sur tous les tons, déclinant avec plus ou moins de talent les « éléments de langage » concoctés par la fameuse « cellule riposte » de l’Elysée sur toutes les chaînes de télévision, à la radio et à longueur d’interviews ou de commentaires dans les journaux : François Hollande n’est pas crédible, puisqu’il n’a pas de projet !

Et puis vinrent le grand meeting du Bourget, suivi de la présentation détaillée, jeudi 26 janvier dernier, des 60 propositions arrêtées par le candidat et sur la mise en œuvre desquelles il s’engage, si les Françaises et les Français le choisissent pour être le prochain président de la République.

60 mesures précises pour le changement, qui constituent une alternative crédible et de progrès à la politique conduite sans succès par la droite depuis dix ans. Crédible parce que les clés de financement sont clairement annoncées et que le phasage des réformes est indiqué, tenant compte de manière lucide de la situation désastreuse dans laquelle se trouve aujourd’hui notre pays. De progrès, parce que les principes d’égalité et de justice sont au cœur de toutes les orientations présentées, avec l’ambition de permettre aux jeunes générations de vivre mieux que les précédentes.

Il est donc désormais un peu compliqué pour les soutiens du président-candidat, presque déjà plus président mais pas encore candidat, de commenter l’absence de projet. Qu’à cela ne tienne : François Hollande n’est toujours pas crédible à leurs yeux, puisque son projet ne le serait pas !

On pourrait s’interroger sur ce qui donne le droit à ces donneurs de leçons de porter de telles critiques, alors qu’eux-mêmes ont lamentablement échoué dans la conduite des affaires de l’Etat depuis une décennie. On pourrait aussi les sommer, comme ils n’ont pas hésité à le faire, de dévoiler enfin le programme de leur candidat. Mais sans doute devrons-nous attendre qu’il ait terminé de (mal) présider, pour qu'il nous promette de faire, entre 2012 et 2017, le contraire de ce qu'il a fait de 2007 à 2012…

Cela ne changera en tout cas rien sur un point : la droite a toujours considéré qu’elle était la seule force politique légitime pour diriger le pays, par droit d’aînesse, héritage, tradition. Peu importent donc les programmes, les chiffrages, les engagements. Ils susciteront toujours chez ces excellences la caricature et l’ironie de ceux qui considèrent que le pouvoir national leur appartient. Même lorsque certains d'entre-eux commencent à se dire que, cette fois-ci, il pourrait bien leur échapper...

Pour vous faire une idée par vous-même, je vous invite à consulter les 60 engagements de François Hollande.

http://francoishollande.fr/assets/Uploads/Projet_presidentiel_Francois_Hollande.pdf